Chaque jour, 14 000 personnes sont contaminées par le virus du sida, dont près de 2000 enfants de moins de 15 ans. Depuis le début de son identification en 1981, le sida aura déjà fait plus de 25 millions de victimes dans le monde. Tels sont les chiffres rendus publics, lundi, dans un rapport annuel de l'organisation onusienne de lutte contre le sida (Onusida) et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). La lutte contre le sida, dont plus de 3 millions de personnes sont mortes en 2005, est encore loin d'être à la hauteur et des « efforts accrus de prévention s'imposent », tandis que le seuil des 40 millions de personnes vivant avec la maladie a été franchi, avertit l'Onusida dans ce rapport. Chaque jour, quelque 14 000 personnes sont contaminées par le sida (dont près de 2000 enfants de moins de 15 ans). Diffusé à quelques jours de la Journée mondiale de lutte contre le sida, célébrée le 1er décembre, le rapport annuel de l'Onusida et de l'OMS dresse sans équivoque l'état lamentable de la situation de la maladie dans le monde. Malgré des diminutions des taux d'infection dans certains pays, notent les deux organisations, « le nombre global de personnes vivant avec le VIH (virus du sida) a continué de s'accroître dans toutes les régions du monde, à l'exception des Caraïbes ». « Le nombre de personnes vivant avec le VIH dans le monde a atteint son niveau le plus élevé jamais enregistré, avec 40,3 millions de personnes (contre quelque 37,5 millions en 2003) », estime le rapport. Parmi elles, plus de dix millions ont entre 15 et 24 ans. On vient d'atteindre le plus haut niveau de contamination jamais enregistré. On déplore, en 2005, cinq millions de nouvelles infections, le nombre « le plus élevé (en un an) depuis le début de l'épidémie », a relevé le directeur exécutif de l'Onusida, Peter Piot, lors d'une conférence de presse à New Delhi. Et cette année, plus de trois millions de personnes sont mortes du sida, dont plus d'un demi-million d'enfants. Mais avec 64% des nouvelles infections, l'Afrique subsaharienne demeure, malgré tout, la région la plus touchée. Selon le rapport, les augmentations les plus marquées sont survenues en Europe orientale, en Asie centrale et en Asie de l'Est. « Nous sommes encouragés par les résultats qui ont été obtenus dans certains pays et par le fait que des programmes soutenus de prévention du VIH ont joué un rôle essentiel dans la baisse des infections », a déclaré le docteur Peter Piot, mais la réalité est que l'épidémie du sida « continue à surpasser les efforts déployés pour la contenir aux niveaux mondial et national. Il est clair qu'un accroissement rapide de l'étendue et de la portée des programmes de prévention du VIH est requis de toute urgence. Nous devons passer de petits projets avec des perspectives à court terme à des stratégies complètes, à long terme ». Le rapport estime que plus d'un demi-million d'adultes et d'enfants vivent avec le virus du sida au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Le Soudan étant le plus touché, alors que les taux de prévalence restent « faibles » dans les autres pays de la région. Environ 510 000 personnes, dont 220 000 femmes, vivaient avec le VIH/sida en 2005 dans ces deux régions du monde, selon l'Onusida. Ce chiffre n'est toutefois qu'une estimation, la fourchette de personnes touchées étant, selon l'organisation, particulièrement large. Quelque 58 000 personnes sont décédées du sida au Moyen-Orient et en Afrique du Nord en 2005. En Arabie Saoudite, selon des recherches menées dans la capitale, environ la moitié des infections surviennent au cours de rapports hétérosexuels. La plupart des femmes infectées l'ont été par leur conjoint. « Une diminution générale des infections dues aux produits sanguins contaminés » est constatée dans la région, mais la « surveillance médiocre » du VIH dans certains pays « entrave les efforts de prévention », résume l'Onusida. Le rapport souligne le besoin « dans toute la région » d'une « information plus abondante et de meilleure qualité », en particulier sur le rôle de la prostitution et des rapports sexuels entre hommes dans la transmission du virus. Si le rapport reconnaît que l'accès au traitement a été largement amélioré au cours des deux dernières années, ce qui a permis d'éviter, en 2005, le décès de 250 000 à 350 000 personnes, la majorité reste, malgré tout, exclue puisque, au mieux, une personne sur dix en Afrique et une sur sept en Asie y ont accès. Cette « injustice sociale », cette « discrimination grandissante liée à l'indifférence ne se limite pas au problème Nord-Sud, car on la retrouve de plus en plus, selon lui, parmi les laissés-pour-compte » des pays aisés. Quant aux services de prévention de base, à l'échelle mondiale, on estime que moins d'une personne sur cinq exposées au risque de s'infecter peut y accéder. Toujours selon le rapport, alors que la transmission mère-enfant a été virtuellement éliminée dans les pays industrialisés, quelque 35% des enfants nés de mères séropositives contracteront le virus en l'absence de mesures de prévention. Par ailleurs, parmi les personnes séropositives, seule une sur dix a fait un test et sait si elle est infectée.