A quel point peut-on faire confiance à son associé ? Les deux entrepreneurs qui ont comparu hier en deuxième instance ont chacun des réponses différentes, qui pourraient valoir à l'un d'eux la prison ferme. Les antagonistes sont associés dans une entreprise de BTP, l'inculpé étant entrepreneur et gérant principal de la société. Il est accusé par son co-gérant d'avoir établi un chèque sans provision d'un montant de 200 millions de centimes. Au niveau de la cour de Tizi Ouzou, l'entrepreneur, qui reconnaît que le chèque en question lui appartient, affirme toutefois qu'il était destiné à faire office de spécimen. «Je lui ai donné ce chèque en blanc pour qu'il le dépose auprès de l'OPGI», se défendit-il. Et selon lui, c'est la victime qui a rempli le document, l'a signé et s'est empressée d'intenter une action en justice. Le procureur de la République, incrédule face à cette version des faits, lança : «Mais pourquoi ne l'as-tu pas barré ? Un spécimen se doit toujours d'être barré !» Le prévenu répondit simplement : «Je lui faisais confiance. Je ne pensais pas qu'il allait me faire ce coup.» Il a tout de même était requis à l'encontre de l'accusé une peine de deux ans de prison ferme, assortie du remboursement de la valeur du chèque. Dans sa plaidoirie, l'avocat de la défense réitéra l'innocence de son client, en maintenant que rien ne prouvait que la signature présente sur le document était effectivement la sienne. Et afin de faire toute la lumière sur cette affaire et de démontrer la véracité de la version de son client, il demanda à la présidente de la cour d'ordonner qu'il soit procédé à une expertise graphologique de la pièce. La magistrate a, après délibération, condamné l'accusé à deux ans de prison ferme assortie d'une amende de 100 000 DA. Sur le volet civil, l'accusé est sommé de rembourser la totalité du chèque.