C'est à partir d'Istanbul, où se tiennent les travaux du Comité du développement de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), que le ministre des Finances, Karim Djoudi, a tenu à répondre aux inquiétudes exprimées par les pays occidentaux au sujet des dispositions de la loi de finances complémentaire. Le grand argentier du pays, dans une déclaration à l'APS, a voulu rassurer au sujet des réformes entreprises par le gouvernement. Il a souligné en effet que la démarche du pays en matière de réformes économiques n'a pas suscité de grandes inquiétudes chez ses partenaires, mais des discussions en vue d'expliquer la démarche entreprise par les pouvoirs publics. Selon lui, un grand intérêt a été manifesté par le deuxième acteur bancaire français (BPCE), regroupant les banques populaires et les caisses d'épargne, pour se développer en Algérie sur les segments du crédit immobilier, du financement de la PME et de l'assistance à la gestion des projets. «Ce type de partenaires ont déjà intégré dans leurs projets futurs les actions que nous avions engagées dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009», a fait savoir M. Djoudi. A travers cette déclaration, le ministre des Finances répond aux inquiétudes exprimées récemment par Paul Burkhead, représentant américain au commerce. Ce dernier avait estimé que la LFC 2009 a créé de la confusion chez les sociétés américaines voulant investir en Algérie. Les opérateurs français souhaitent également que l'Etat algérien revienne sur certaines décisions, notamment celles portant sur la réduction des importations. Le premier ministre Ahmed Ouyahia, avait écarté, en marge de l'ouverture de la session parlementaire, la révision de certaines dispositions. Les propos du ministre des Finances confirment à l'instar de ceux du premier ministre que les autorités publiques ne feront pas marche arrière sur les décisions prises. Quant à l'éventualité de l'achat par l'Algérie des obligations que va émettre le FMI pour renflouer ses caisses, le premier argentier du pays a répondu que cette question est «toujours à l'étude». «Nous sommes très pragmatiques sur cette question. Ce qui conduit notre gestion des réserves de change sont la sécurité et la liquidité. Si nos actifs son sécurisés et si nous pouvons les retirer à tout moment, nous pouvons travailler avec ces institutions», a tenu à clarifier le ministre pour signifier aux responsables du FMI que l'Algérie s'attend à des engagements concrets. Cela dit, la demande du FMI à l'Algérie pour racheter ses obligations signifie, selon M. Djoudi, que le pays est «reconnu comme un prêteur net du reste du monde, et dont on reconnaît une certaine performance dans la conduite de ses affaires économiques». A une question relative au recours aux sociétés d'inspection avant expédition des produits tel que prévu par la LFC 2009, le ministre a affirmé que de grandes sociétés à embarquement ont manifesté leurs intérêts pour travailler avec les services des Douanes algériennes. Un taux de croissance de 3,9% pour 2009 Le ministre des Finances a rappelé, par ailleurs, que l'économie algérienne devrait réaliser une croissance positive de 3,9% en 2009. Une déclaration qui vient également contredire les pronostics du FMI et de la BM ayant tablé sur un niveau de croissance respectivement de 2,1% et de 2,2% pour 2009. Karim Djoudi a tenu à argumenter son propos : «Pour 2009, nous tablons sur une croissance de 3,9% qui sera tirée notamment par la croissance hors hydrocarbures à plus de 6% (...) Dans la croissance en hydrocarbures, nous allons avoir une baisse de l'activité, voire une croissance négative». S'agissant de la croissance hors hydrocarbures, elle sera tirée par les performances devant être réalisées dans les secteurs de l'industrie, des services, de l'agriculture et du BTPH. S'exprimant sur les prévisions du FMI relatives à la croissance en Algérie, le ministre a souligné que «le sentiment de cette institution est que l'Algérie fait de la croissance alors que le monde fait de la décroissance».