A J-1 de la rencontre Algérie-Rwanda, la ville de Annaba connaît une effervescence exceptionnelle. Tout pour la fête, depuis le cour de la Révolution jusqu'aux quartiers les plus reculés de la Coquette, a été mobilisé pour ce grand événement. Les couleurs nationales sont accrochées à toutes les portes, tous les balcons. Le vert, le rouge et le blanc dominent où que l'on soit et il semble qu'il n'y a pas de place pour autre chose que l'emblème national décliné sous toutes ses formes, depuis le petit fanion accroché au rétroviseur de la voiture au drapeau aux dimensions immenses dont on couvre tout un immeuble. Il est vrai que la route vers le Mondial n'est plus très loin à la veille de cette cinquième rencontre qualificative et la perspective d'un autre match glorieux de nos capés donne des idées. On est passé du rêve à la réalité après toutes les déconvenues et les travers qu'a subis le onze national depuis Gijon en 82 et l'aventure mexicaine du Mondial 86. A moins de 24 heures du match, des plus âgés aux plus jeunes, on ne parle que des Ziani, Belhadj, Bougherra, Djabour, les nouvelles superstars du football algérien. Ceux par qui le miracle est arrivé. Les maillots portant les noms de ces derniers sont d'ailleurs portés par la plupart des jeunes, qui continuaient hier encore à pavoiser les rues de leurs quartiers de banderoles appelant à une victoire, encore une. Des fans déterminés et poussés par leur rêve, ils ont acheté des écharpes, des bonnets tricolores et se sont ruinés pour acquérir fumigènes et pétards pour faire honneur aux hommes de Rabah Saâdane comme s'ils étaient à leurs côtés, là-bas au stade Tchaker de Blida. On fait ce qu'on peut pour manifester sa solidarité. Un homme d'un certain âge ému par ce spectacle n'a pu s'empêcher d'exprimer tout haut ce qu'il pense. «J'ai toujours su que le peuple algérien aimait la sélection nationale ; pourtant, j'ai du mal à comprendre que c'était à ce point», commentera-t-il avec un large sourire.