De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Déjà, une journée avant à Annaba, toute la ville s'est parée des couleurs nationales et la fête était annoncée. Personne ne doutait de la victoire et on allait certainement passer la soirée du 11 octobre dans une ambiance festive. Toutes les rues s'étaient colorées en vert, blanc et rouge et il n'y avait pas un seul magasin, une maison ou un espace où les couleurs nationales n'étaient pas hissées pour montrer l'attachement et l'amour à cette équipe nationale qui, à ce jour, n'a pas déçu. Sur les étals ou accrochés aux murs, des drapeaux avec le slogan cher aux Algériens : «One, two, three, viva l'Algérie !» des écharpes, des bandeaux, des sacs, des trousses, des sacs, des chapeaux et autres gadgets aux couleurs nationales s'arrachent auprès des revendeurs, chacun voulant avoir son «amulette» pour pouvoir communier avec les autres. De la musique et des chants à la gloire de la «Dream Team» sont diffusés dans tous les quartiers populaires et on dansait dans la rue pour exprimer sa joie de vivre cet événement footballistique où l'EN est la star attitrée. Il faut dire que les «tifosis» annabis –en réalité, toute la population de la ville- ont créé une ambiance telle qu'on ne vivait plus qu'au rythme de cette rencontre décisive avec le Rwanda, espérant voir l'équipe triompher et se qualifier avec un score lourd. Dimanche 18h30, la ville s'est vidée ; les rues sont désertes ; la circulation se fait rare, et quelques véhicules drapés de l'emblème national passent en trombe. Le cinéma Olympia est archicomble (on y a installé un grand écran pour le match). On n'entend plus que la voix du présentateur télé dans tous les quartiers. Coup de sifflet de l'arbitre : le match, premiers dribbles, premières passes, fautes, reprises par les Rwandais et… premier but encaissé par les Verts. Colère, déception, poings brandis au ciel, on se tape dans les mains puis on reprend courage : égalisation, délivrance, espoirs revenus. Un deuxième but vint libérer les foules qui explosèrent en même temps ; toute la ville s'est levée pour saluer cette action. Un cri qui a secoué jusqu'aux fondations toute une ville qui avait les yeux rivés sur les récepteurs télé. Presque à la dernière minute de jeu, après des sueurs froides vécues par les milliers de supporters, le 3e but suite à un penalty a libéré l'équipe et les centaines de milliers de supporters de la ville des Jujubes. Et là, ce fut l'explosion, l'hystérie collective. Les rues, les quartiers et les espaces publics se sont trouvés subitement envahis. Du cours de la Révolution à Kouba, de Sidi Brahim à Zafrania en passant par Bourmet El Gaz, les Lauriers Roses, l'Elysa, la Colonne, El M'Haffer et, Val Mascort : c'est la fête, la Grande Fête, une fête majuscule, haute en couleur. Des jeunes, drapés dans l'emblème national, le visage tout peinturluré, couraient dans tous les sens ; des véhicules pleins à craquer sillonnaient les rues en diffusant de la musique. Les occupants dansaient en agitant les drapeaux ; on criait sa joie, une joie immense, une joie innocente, sincère, désintéressée qui vient du fond du cœur. Des concerts de klaxons improvisés par les automobilistes avaient ajouté à cette fête qui s'est prolongée jusqu'à une heure avancée de la nuit malgré la fraîcheur du mois d'octobre. «Cela me rappelle la glorieuse équipe de 82 qui avait battu l'Allemagne. C'est cette équipe que les Algériens aiment, une équipe qui gagne et qui ne déçoit pas, nous déclare un vieux rencontré sur le Cours le soir de la Grande Fête. Je suis heureux de vivre ces moments. Cette équipe nous a rendu l'espoir et c'est ce même Saadane qui était aux commandes. Je le remercie du fond du cœur. Cela prouve que, si l'on laisse les Algériens travailler et si on leur donne tous les moyens, ils peuvent réaliser des miracles.» Sur le cours de la Révolution, la fête battait encore son plein et tout le monde était vraiment heureux de vivre ces moments. Les visages éclairés et souriants exprimaient un bonheur étalé avec plaisir et qu'on espère voir durer.