L'élan de bonheur et d'exultation qui a entraîné Annaba depuis le coup de sifflet final de la rencontre Egypte-Algérie aura duré plus de trente-six heures dans une ville qui s'est prêtée sans retenue à la liesse. La Coquette, plus belle que jamais, a chanté et dansé jusqu'à en avoir le souffle court. Après le grand et merveilleux rassemblement du cours de la Révolution de mercredi soir, qui a suivi l'annonce de la victoire des Verts, tous les Bônois ont décidé à l'unisson de continuer la fête, de la perpétuer, qui dans son quartier, qui en se déplaçant d'une partie de la ville à une autre pour partager ces moments inoubliables. Pour ces milliers de femmes, d'hommes et d'enfants, il n'était pas question de s'arrêter, si ce n'est pour prendre un verre d'eau ou avaler un bout de sandwich, avant de replonger dans l'euphorie engendrée par la qualification du pays à la Coupe du monde et à la Coupe d'Afrique, l'an prochain. La victoire tant attendue et espérée par des millions d'Algériens et surtout cette élégante revanche sur l'équipe égyptienne après l'enfer du Caire ont été célébrées, et on s'en souviendra longtemps, jusque tard dans la soirée de jeudi. Les Annabis, sans distinction de sexe et d'âge, qu'ils soient supporters ou pas, ont manifesté leur enthousiasme et ont joint leur voix à qui en voulait pour crier «One, two, three, viva l'Algérie» dans une débauche de feux d'artifice et de pétards à la gloire du onze national. A bord de milliers de voitures pavoisées de l'emblème national, des femmes et des hommes ont envahi toutes les rues de la ville de Sidi Amar jusqu'au cap de Garde et du port jusqu'aux cités les plus reculées de la Plaine ouest. Ceci alors que les youyous fusaient des immeubles et faisaient écho aux autoradios et aux chaînes stéréo des DJ improvisés qui diffusaient au maximum de la puissance de leurs platines les chansons louant l'équipe nationale, chansons d'ailleurs apprises par cœur par les plus jeunes et les plus grands. Ayant été au bout de leurs limites physiques, les plus endurants des fêtards n'ont jeté l'éponge que dans la matinée de vendredi. La majeure partie des jeunes de cette ville ignoraient superbement les états d'âme des animateurs et autres analystes égyptiens qui crachaient entre temps leur haine et leur rancœur. Ils n'ont pas entendu ces officiels égyptiens qui réclament des sanctions. «Ces satanés footballeurs algériens qui appuyés de hordes entières de tueurs sanguinaires transportés par des centaines d'avions de guerre depuis Alger» ont usurpé la qualification des Pharaons.