Le visiteur des localités de la daïra d'El Hamadia, située au sud de la wilaya de Bordj Bou Arréridj, peut constater aisément le changement que la région a connu ces dernières années. El Hamadia qui était un grand bourg est devenue une ville avec des bâtiments, des infrastructures publiques et même des restaurants et des cafés. Les autres localités ont été touchées par cette modernité pas seulement dans la construction. L'électricité est partout, et la route n'est plus un luxe. Même l'eau potable qui n'était accessible que par les oueds et les fontaines est disponible dans les robinets. Les habitants ont même concrétisé un rêve qu'ils caressaient depuis longtemps, à savoir le gaz naturel. Cette matière qui les poussait à aller à Bordj Bou Arréridj est désormais disponible. L'hiver est moins rude grâce à cette énergie qui fait bon vivre à El Hamadia. Les indicateurs de développement confortent ce bond avec un taux d'occupation de logement qui descend à moins de 6 personnes et le taux d'électrification qui dépasse les 95%. L'approvisionnement en eau potable est passé de 60 à 89 litres par seconde. La région qui a fait beaucoup pour la révolution le mérite, d'autant plus que la pauvreté l'a marquée pendant des décennies. Pourtant, elle est située sur un axe principal. Ses capacités agricoles l'ont rendue pendant longtemps le principal pourvoyeur de la wilaya dans beaucoup de produits. Ce n'est pas pour rien que l'un des deux marchés quotidiens du chef-lieu est appelé celui des Ouled Khlouf qui composent essentiellement les habitants de la daïra. En attendant Mechta Fatima Connus pour leur bravoure mais aussi pour leur dynamisme, les Ouled Khlouf ne sont pas tous satisfaits du développement que leur région a connu. Peut-être par ce qu'ils n'ont pas tous profité de ce changement de statut. La région connue également pour son implication politique est aussi celle de toutes les colères. Elle détient la palme des coupures des routes. Il est vrai que tout n'est pas rose dans le bilan du développement de la daïra. Les habitants de Biata, située à peine quelques kilomètres des sièges de la commune et de la daïra, attendent depuis des décennies la réhabilitation de la route qui mène vers leur douar. Ils l'ont fait entendre bruyamment en fermant les bureaux de l'APC. Leurs concitoyens de Rabta ne sont guère mieux lotis. Il attendent le passage de l'infirmier deux jours par semaine dans la salle de soins qui reste fermée le reste du temps. Même le chef-lieu de daïra est dans un état lamentable en dépit des immeubles flambant neuf et des tentatives de lui donner une image moderne. Le centre-ville est celui d'un village et les routes n'invitent guère à la visite. Le wali qui a fait un saut dans la région a promis que toutes les doléances des citoyens seront prises en charge dans le plan quinquennal. Au-delà des indicateurs qui renseignent sur les efforts de l'Etat pour améliorer les conditions de vie des citoyens, il y a la qualité de vie qui interpelle. Beaucoup d'argent a été englouti, mais l'aménagement urbain a été le parent pauvre. Même pour un village c'est important que la route soit bien faite. Nous sommes en 2009, et El Hamadia n'est plus ce qu'elle était, le citoyen aussi. Qu'en sera-t-il quand la ville industrielle de Mechta Fatima sera ouverte ? La région changera de statut. Elle ne peut garder les mêmes habits. Il est attendu 12 000 emplois directs des projets qui seront implantés dans cette ville. Qui dit industrie dit tourisme d'affaires. El Hamadia doit se mettre au diapason dans tous les domaines.