Se rendre à Alger reste toujours un calvaire, voire une corvée pour les voyageurs et les automobilistes de la wilaya de Tizi Ouzou, qui se déplacent par milliers chaque jour. Le trajeT qu'ils faisaient il y a à peine quelques années en 1 heure se fait désormais en 3 heures, voire plus. Sur un tronçon routier qui ne dépasse pas 100 km, il arrive aux voyageurs de passer parfois plus de 4 heures bloqués dans d'interminables bouchons. Des bouchons qui rendent la vie infernale, notamment les débuts et les fins de semaine. Même le vendredi n'est pas épargné à cause du marché de voitures de Tidjelabine. Naguère, il suffisait, rappelons-le, d'une petite heure pour regagner la capitale. La fluidité de la circulation, ces dernières années, n'est qu'un souvenir pour les voyageurs. La situation demeure inchangée en dépit des efforts considérables consentis par la direction des transports et celle des travaux publics, tels que la réalisation des rocades et l'élargissement, dans certains lieux, de l'autoroute, comme ce fut le cas au niveau des villes des Issers et Si Mustapha. Sans oublier aussi la mise en service du train Alger-Tizi, un moyen de transport de masse qui n'a, pour le moment, pas donné les résultats escomptés. Là aussi les horaires de départ et de retour du train n'arrangent pas les voyageurs, en plus des tarifs jugés un peu élevés, 120 DA la place, même prix que le bus. Le nombre de rotations réduit Les encombrements demeurent quand même sur l'autoroute. Si la cause directe de cette situation n'est autre que le nombre sans cesse croissant de voitures, les chauffeurs de taxi et les chauffeurs de bus, qui ont l'habitude de travailler sur Alger, pointent le doigt vers les barrages de sécurité, malgré leur importance du point de vue sécuritaire. En effet, pas moins de 6 barrages de contrôle sont dressés entre Tizi Ouzou et Alger. «Y a pas si longtemps, nous effectuions au moins 3 rotations par jour entre Alger et Tizi. Aujourd'hui, on n'effectue malheureusement que deux rotations, et on arrive souvent en retard. La plupart de notre temps nous le passons sur la route dans ces interminables embouteillages qui avancent à pas de torture», nous déclare un chauffeur de bus rencontré à la gare routière d'Alger, dans un air empreint de désolation. Et d'ajouter : «Sincèrement, je songe à changer de métier.» Les points noirs de l'axe routier Alger - Tizi sont, en effet, Boudouaou, Reghaïa et Bab Ezzouar. Le constat est amer. Pour les automobilistes, un autre problème a fait surface. Les agressions lors des embouteillages, notamment à Reghaïa. Des bandes de voyous se présentent au moment des bouchons pour racketter les automobilistes, sous la menace d'armes blanches. Ces derniers, livrés à la merci de ces gangsters, ne savent que faire. D'ailleurs, des cas pareils ont été déjà signalés par la presse. Les aléas des encombrements ne s'arrêtent pas là. Des déplacements et des coûts Que dire alors des voyageurs ? Certains affirment avoir raté l'avion, d'autres des rendez-vous importants, etc. Pour une simple formalité administrative, les citoyens sont contraints de venir la veille à Alger pour passer la nuit chez un ami ou la famille afin d'arriver à temps le lendemain. C'est le cas de Karim, un jeune d'Aït Ouacif en fin d'études qui est venu s'inscrire au concours de la nouvelle école de journalisme d'Alger. «Je travaille chez un particulier à Tizi Ouzou et j'ai envie de continuer mes études à l'ENJ. Je ne vous cache pas que j'ai déposé un congé de maladie de 3 jours rien que pour avoir le temps de m'inscrire à la fac d'Alger. Je suis venu hier passer la nuit chez des amis afin d'avoir le temps d'accomplir toutes les formalités et m'inscrire. Je ferai la même chose le jour du concours.» Questionné sur le coût de ce déplacement, Karim nous témoigne avoir déboursé, en deux jours, plus de 2000 DA, lui qui touche moins de 10 000 DA par mois. Les exemples sont multiples. Quant aux embouteillages d'Alger centre, c'est une autre histoire. La question qui taraude les esprits est de savoir jusqu'à quand cette situation demeurera ainsi. Entre-temps tout déplacement sur la capitale est synonyme d'un cauchemar.