De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad La qualité des prestations des transporteurs de la wilaya de Tizi Ouzou est si médiocre qu'elle ne laisse personne indifférent parmi les 100 000 voyageurs/jour subissant les insuffisances qui perdurent depuis plus d'une décennie. Les «projets en cours» ne sont jamais livrés à temps, les décisions aléatoires et sans concertation des responsables du secteur et les mises en demeure répétitives des deux ministres qui ont eu à accompagner le calvaire des voyageurs de Tizi Ouzou depuis le boom automobile il y a une dizaine d'années ne sont pas suivies d'effet sur le terrain. M. Tou, ministre des Transports, déclarera à propos de cette situation que «beaucoup de dérives des transporteurs encouragés par le silence de certains responsables», ont été commises, lors d'une récente visite effectuée sur place. Au niveau des 11 stations de fourgons qui desservent les 21 daïras de la wilaya et de la gare routière, les mots deviennent impuissants pour décrire l'état lamentable de ces aires censées garantir la sécurité et un certain bien-être aux voyageurs, à voir l'anarchie qui s'est installée au fil du laisser-aller et de l'irresponsabilité des institutions alors que le nombre d'usagers et de véhicules (3 570 fourgons aménagés propriété de 3 272 opérateurs) a explosé ces dernières années. Aucune station n'est épargnée. Les conditions d'accueil et les moyens de transport laissent, souvent, à désirer ; si les arrêts ne sont pas envahis par les ordures, la désorganisation des dessertes rend le quotidien des usagers insupportable. C'est presque la règle : les Abribus, les toilettes publiques et les signaux d'orientation sont inexistants. Les désagréments et les encombrements sont le lot de ces aires de stationnement trop exiguës pour une région peuplée. La sécurité des milliers d'usagers et des centaines transporteurs ne semble pas une priorité pour la tutelle. Des agressions et des vols sont signalés ici et là sans compter les longues heures d'attente sous le soleil et la pluie. L'état désastreux de la plupart des routes incommode aussi les concernés dont le voyage devient une sale corvée. A la station de taxis interwilayas, à la sortie ouest de Tizi Ouzou, plus de 200 chauffeurs de taxis collectifs se partagent une centaine de mètres carrés, appelée indûment «station». D'autre part, le train de voyageurs Tizi Ouzou-Alger (deux heures de voyage environ) qui a repris du service, le 19 juillet dernier après 15 ans d'arrêt, est loin de satisfaire les besoins modernes en la matière alors que le prix et les conditions de voyage ne répondent pas aux vœux des simples travailleurs aux bas salaires obligés de travailler en dehors de la Kabylie. La gare ferroviaire est, assure-t-on, de conception moderne. Les tarifs appliqués (120 DA, le même que ceux du bus) donnent plutôt une mauvaise impression de ce train qui réapparaît sur cette ligne : chaleur, poussière, fumées incommodantes, etc. Cela dit, les projets en cours et dont les délais de livraison sont maintes fois reportés avec un sérieux déconcertant changeront complètement la situation, selon les déclarations des responsables locaux. Cinq gares intermédiaires à la périphérie de Tizi Ouzou sont en voie de construction afin de décongestionner le chef-lieu de wilaya où les bouchons sont persistants. La réalisation de deux grands parkings à étages, le premier à proximité du marché de gros, et le deuxième du côté du stade du 1er Novembre participerait du nouveau plan de circulation. Une entreprise de transport public, l'Etablissement de transport urbain (ETU), a vu le jour il y a quelques mois. Trois lignes, à savoir centre-ville-Bouhinoun, Naftal-Timizar Loughbar et Oued Falli-station de Beni Douala de 14 bus sont opérationnelles sur les six prévues, selon la direction des transports. Mais l'écart est tellement grand que, pour le moment, les usagers sont toujours mécontents et les transporteurs noyés dans une insatisfaction totale après la décision de «libéraliser» le marché du transport dans la wilaya. Les transporteurs demandent, d'abord, la viabilisation des aires de travail, l'assainissement du secteur, l'amélioration du réseau routier, la sécurisation de leurs espaces, etc. Qui va concilier les demandes de la direction et les transporteurs ? Les usagers s'ils sont bien transportés !