L'on a parlé, il y a deux semaines, d'une pénurie de certains groupes de médicaments, tels les psychotropes et les antibiotiques. La pénurie de médicaments a malheureusement gagné du terrain depuis. D'autres médicaments s'ajoutent à la liste des produits pharmaceutiques manquants. Ce qui inquiète considérablement les pharmaciens. Une pharmacienne travaillant à Sacré-Cœur (Alger) a en effet souligné que ce phénomène devient de plus en plus alarmant, précisant que dans chaque classe thérapeutique, il manque un ou plusieurs médicaments. Les bandelettes, à titre d'exemple, utilisées par les diabétiques pour mesurer le taux de glycémie sont en manque actuellement, selon la même source. «La marque Smart Scan de ce produit est en pénurie totale depuis déjà six mois. Il nous reste que la marque Accuchek qui est disponible mais en très faible quantité», témoigne notre interlocutrice. Quant aux antibiotiques, le Kéforal prescrit pour les infections urinaires et les angines de l'adulte, très demandé, est totalement indisponible depuis mars. Son générique, l'Ospexin, est disponible. «Reste à savoir si le patients l'acceptent», souligne la collègue de notre premier témoin. C'est d'ailleurs le problème qui se pose avec les génériques. Nombreux sont les clients, particulièrement les personnes âgées, qui refusent catégoriquement les médicaments remplaçants et réclament la molécule mère qui est généralement importée. Le générique Inverter de la molécule mère Corvasal 2 et 4 mg, utilisé pour prévenir les angines de poitrine, à titre d'exemple, est souvent boudé par les malades. Le hasard a voulu que l'on assiste à un refus d'un client demandant ce médicament (la molécule mère) pour un individu âgé. «C'est le malade qui refuse de le prendre. Il faudrait que je lui parle avant de l'acheter, sachant qu'il refusera probablement le remplaçant, en avançant qu'il n'a pas le même effet», témoigne ce client. Ce sont les propos de plusieurs clients, selon la pharmacienne qui estime qu'en réalité ce refus relève du psychique du client. «Le générique peut parfaitement remplacer le médicament d'origine», explique notre interlocutrice. Les pharmaciens préfèrent parfois administrer la molécule mère Il est cependant préférable parfois, selon elle, d'administrer le médicament d'origine pour les cardiopathies vu que certains malades ont une morphologie qui pourrait ne pas supporter le générique. C'est le cas de l'Atrovastatine remplacé par le Tahor, dont la différence réside dans le principe actif (action du médicament). Autrement dit, la différence entre la molécule mère et le générique dans ce genre de cas réside dans le changement d'excipients, déconseillé aux cardiaques. Un autre pharmacien à Abane Ramdane a préféré évoquer les médicaments prescrits contre les petites pathologies, citant en premier le Doliprane, cet antalgique utilisé par tous, en rupture de stocks depuis cinq mois. Il évoquera cependant le refus «psychique» de certains médicaments de la part des clients. «Le Paralgan est souvent refusé par les clients les plus âgés, prétendant que le médecin refuse de leur prescrire le générique. Ce qui est faux, bien entendu», témoigne notre pharmacien, ajoutant qu'il n'y pas que les médicaments d'origines qui manquent. «Nous n'arrivons pas parfois à garder le même générique. Il nous arrive de commercialiser un troisième générique parce que les deux premiers sont introuvables à leur tour», développe notre interlocuteur. Les antiallergiques, notamment les gouttes nasales Flixomase et la Pulmocort pour les asthmatiques, s'ajoutent à la liste des produits en pénurie. Sans oublier le Zitromax, cet anti-allergique pour enfant qui n'est plus vendu depuis qu'on arrêté son importation. Il est remplacé par Zomax. «Il est introuvable dans la plupart des pharmacies. S'il existe toujours chez moi, c'est parce qu'il me reste un ancien stock», précise-t-il. Jugeant que la liste des produits en rupture de stocks est trop longue, il conclura que la situation devient alarmante quand «on voit la liste des produits en pénurie s'allonger chaque année».