Alors que l'année universitaire 2009/2010 a été officiellement lancée jeudi, voilà que le spectre d'une année blanche plane déjà sur cette institution dans la tourmente. L'université Mouloud Mammeride Tizi Ouzou n'est pas en reste du vent de protestation qui souffle. C'est en effet à l'appel du Cnes que l'université se trouve ainsi paralysée depuis hier. Toutes les facultés, de celle de droit à Boukhalfa à celle de médecine, en passant par l'ensemble des départements, rien n'a fonctionné. Dans une déclaration de son conseil national, document largement diffusé à travers les campus de l'université Mouloud Mammeri, il est fait état d'une grève générale des enseignants universitaires d'une durée de 15 jours à partir d'hier. L'appel a été mis en exécution et l'adhésion a été massive pour ce premier jour de débrayage. Toujours selon le même document, la grève a un caractère cyclique. Elle est donc renouvelable avec arrêt de toutes les activités pédagogiques et scientifiques. Cette action entreprise par le syndicat des enseignants universitaires s'inscrit dans le cadre des revendications entreprises «face à la marginalisation et au mutisme de la tutelle à mettre fin à la situation gravissime». Lors de cette réunion à laquelle ont pris part 23 sections, les représentants des enseignants universitaires se sont indignés face au mutisme de la tutelle à commémorer l'anniversaire de l'assassinat du docteur Mohamed Benchahida dans son bureau de chef de département à Mostaganem l'année dernière, à la mémoire de qui ils ont observé une minute de silence. Ceci tout en soulignant «la mise au placard de la charte universitaire tant vantée et promise». Par ailleurs, les représentants du Cnes ont noté le non-respect des engagements de la tutelle, engagements pris lors de la réunion du 25 mai, ce qui signifie «l'absence de volonté des pouvoirs publics à entreprendre un partenariat réel pour la prise en charge effective des revendications des enseignants». L'une des revendications des enseignants est relative aux conséquences de la promulgation d'une instruction relative à l'annulation du transfert de bail des logements conventionnés. Une décision qui a pénalisé des milliers d'enseignants. Ainsi, la volonté de transformer les 6500 logements en contribution, accordée par le président de la République, en logements de fonction se trouve compromise par la récidive du gouvernement en remettant en cause la rétribution du régime indemnitaire avec effet rétroactif à partir du 1er janvier 2008. La promesse faite dans le cadre des travaux de la commission mixte ministère de l'Enseignement supérieur-Cnes sur le régime indemnitaire remise en cause par de nouvelles instructions du chef du gouvernement, ce qui traduit «le mépris des pouvoirs publics envers l'enseignant», notent les membres du Cnes. Abondant dans le même sens, le conseil national a déclaré que l'absence de perspectives dans la gouvernance et la gestion de l'université, malgré les efforts consentis par l'Etat en matière de finances, a «permis à la gabegie et au clientélisme de régner en maîtres dans de nombreux établissements universitaires, ouvrant ainsi la voie à la hogra, à la violence, à la corruption et à de multiples comportements et fléaux qui dénaturent et déforment l'image de l'université». Par ailleurs, les enseignants ont souligné à travers leur déclaration que des poursuites judiciaires sont entamées à l'encontre d'un membre du bureau national, enseignant à l'université Es Senia, ce qui révèle, selon ladite déclaration, «la volonté de réprimer toutes voix discordantes». Il est à noter que la grève générale à laquelle fait appel le Cnes est toutefois soumise à une stratégie. Ceci tout en soulignant que le mouvement reprendra si la tutelle este en justice les protestataires. Il est aussi question du dépôt d'un autre préavis de grève, le 22 novembre, pour une autre grève à entamer le 29 tout en maintenant la grève durant les journées des 23, 24 et 25 novembre. Une autre grève est prévue pour les 2 et 3 décembre avant de reprendre les cours durant les deux journées des 6 et 7 décembre. Le mouvement de protestation reprendra durant les trois journées allant du 15 au 17 décembre avant de reprendre le mouvement de protestation après les vacances scolaires.