Un tiers des Américains sont obèses ? Un autre tiers en surpoids ? Qu'à cela ne tienne : ils sont de plus en plus nombreux, en particulier les femmes, à s'inscrire dans les compétitions de course à pied. Ils sont ainsi quelque 9,2 millions à avoir participé à une course officielle en 2008, contre 3,7 millions en 1987. Sur ce total, 425 000 ont couru l'épreuve reine, le marathon (42,2 km) et 715 000 un semi marathon (21 km), selon Running USA, une association qui fait la promotion de la course à pied. Et l'année 2009 promet d'être encore meilleure, estime un membre de cette association, qui souligne que «la demande pour participer à des courses est en hausse». Les listes d'inscription pour les marathons se remplissent d'ailleurs si rapidement que les organisateurs finissent par ajouter d'autres parcours, plus courts comme le semi marathon, pour accueillir tout le monde. La discipline a également ses grands rendez-vous comme le marathon de New York, qui a réuni début novembre 40 000 personnes, celui fin octobre des Marines (32 000 personnes) à Washington ou le marathon de Chicago (45 000). Contrôler sa santé à défaut de celle de l'économie D'où vient cet engouement ? Il y a d'abord l'explication classique : courir est certainement la manière la plus rapide et la plus économique de perdre du poids. Il y a ensuite les raisons d'ordre psychologique, dans une société marquée par la violence et la crise économique, avance M. Lamppa. «On ne peut pas contrôler la Bourse ou l'économie, mais on peut contrôler sa santé», observe-t-il. Michael Giordana, spécialiste en sociologie du sport à l'université de l'Illinois, avance trois raisons : l'influence des Jeux olympiques de Pékin en 2008, le développement du thème dans les réseaux de socialisation sur internet et une réaction de rejet face à l'«épidémie d'obésité» qui frappe les Etats-Unis. Un tiers des Américains adultes sont obèses et autant présentent des problèmes de surpoids, selon les Centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies (CDC).
Les marques accourent, les femmes aussi Avec l'augmentation du nombre de coureurs, les jours de course deviennent de véritables fêtes dans les villes américaines, avec l'organisation de carnavals ou de concerts. Et où il y a foule, il y a des marques : Bank of America, ING, McDonald's ou Continental Airlines ont ainsi parrainé plusieurs événements cette année, alors que les produits périphériques, livres ou logiciels d'entraînement, se multiplient. La revue de référence de la discipline, Runner's World magazine, a organisé un programme d'entraînement virtuel via son site internet qui s'est conclu par un marathon le 14 novembre en Virginie. Pacers, une chaîne de magasins de chaussures de sport, propose de son côté des entraîneurs personnels. Si le nombre de coureurs a changé, leur physionomie et leur mentalité aussi, selon l'association Running USA, qui souligne la place de plus en plus importante occupée par les femmes, qui représentaient en 2008 la moitié des coureurs, contre un cinquième (21%) en 1987. Autre différence : dans les années 1980, les participants aux marathons cherchaient d'abord la victoire et la performance. Aujourd'hui, ils veulent simplement arriver au bout. Alors que les meilleurs bouclent leur marathon en à peine plus de 2 heures, certains jouent les tortues et de nombreuses courses ont recours à des voitures balais. Qu'importe, dit un entraîneur pour la marque Pacers : tant que les «gens bougent, c'est bien : notre pays a besoin d'exercice!»