Journaliste à Canal+, Guillaume Pivot est l'auteur du documentaire Bab El World consacré au parcours des Verts au Mondial 2010. Il se trouvait au Caire pour les besoins d'un nouveau reportage, Le Piège, diffusé dimanche soir en clair dans l'émission Canal Football Club. Des images à rebours de l'argumentaire des Egyptiens. Le Temps d'Algérie : Canal+ est la seule chaîne de télévision à avoir tourné des images sur l'attaque contre le bus de l'équipe algérienne à son arrivée au Caire. Envoyé spécial de la chaîne cryptée, qu'est-ce que vous avez vu ? Guillaume Pivot : Je n'étais pas dans le bus, mais dans un véhicule qui roulait juste derrière. On suivait, mon équipe et moi, la délégation algérienne pour les besoins d'un reportage. Quelque 200 supporters égyptiens, visiblement excités, s'étaient positionnés à mi-chemin sur l'itinéraire sinueux menant de l'aéroport international du Caire à l'hôtel. A un certain moment, le bus se mettait brusquement à ralentir et les vitres commençaient à voler en éclats sous l'effet de pierres et de gros pavés. A l'arrivée devant l'hôtel, nous nous sommes précipités pour interviewer à chaud les joueurs. Quelques-uns, en particulier Halliche et Lemouchia, avaient le visage ensanglanté. Leurs survêtements étaient maculés de sang. Officiels de la Fédération égyptienne et médias locaux parlent d'une mise en scène orchestrée par les Algériens... Ce n'est pas un coup monté. Contrairement aux dires des Egyptiens, le bus a bel et bien fait l'objet d'une agression à coups de pierres. La tension était perceptible tout au long du kilomètre séparant l'aéroport à l'hôtel. L'avant-match n'a pas été de tout repos pour Karim Ziani et les siens... Les Algériens ont été soumis à une pression intenable tout au long de leur séjour. Nous avons pu en prendre la mesure en les accompagnant dans leurs déplacements. Vendredi, lors de la séance d'entraînement à l'heure du match, le bus à bord duquel nous avons pris place a mis une heure et dix minutes pour rallier le stade. Le jour du match, escorté par la police, il a couvert la distance en un quart d'heure ! Les joueurs n'étaient pas au bout de leurs peines. Ils ont passé deux premières nuits des plus agitées. Un exemple en guise d'illustration : le concert de klaxons aux alentours de l'hôtel jusqu'au milieu de la nuit. Manifestement, il y avait une volonté de déstabiliser les joueurs et de les fragiliser avant le match. Rien n'a été laissé au hasard pour qu'ils «pètent les plombs» comme on dit. L'équipe de Canal+ était également présente dans le bus qui, le match terminé, accompagnait l'équipe du Cairo Stadium à l'hôtel. La traversée était loin d'être paisible... Tout au long de l'itinéraire, des pierres avaient été lancées en direction du bus. C'était tendu. Propos recueillis par