a vécu deux soirées de joie intense. La ville a fêté comme il se doit l'événement de la victoire des Verts face à l'Egypte à Khartoum. La place de Aïn Fouara, pourtant habituée aux succès footballistiques du club local l'Entente de Sétif, a su quand même réserver une place privilégiée à la fête nationale de la soirée du mercred. Sitôt le coup de sifflet final du match, une marée humaine s'est donné rendez-vous sur l'artère principale de la ville conduisant à la place mythique de Aïn El Fouara. Une explosion de joie qui s'est poursuivie, le lendemain et hier aussi pour commémorer le jour mémorable du retour des héros de Khartoum en Algérie. Mais avant, Sétif avait vécu une liesse populaire nocturne jamais connue par les habitants, qui dura jusqu'aux premières heures du jour. Des camions carrément bondés de foules, des familles en véhicules arborant les couleurs nationales, des motocyclistes intrépides exécutant des prouesses spectaculaires, des feux d'artifices qui décoraient le ciel aux multiples couleurs, des groupes folkloriques improvisés à même l'avenue principale obligeant la rupture de la circulation mais dans un bain de foule tout de gaieté. Et ce qui retient l'attention, c'est la participation de la femme à la grande joie populaire. Le drapeau national est vite transformé en foulard pour les plus jeunes, mais pour les vieilles d'un âge parfois très avancé sorties exclusivement à des heures inhabituelles de la soirée, elles se sont confondues fièrement à la grande foule en ébullition, l'emblème national à la main. Pour certaines d'entre elles, emportées par la ferveur de l'évènement, la victoire des Verts à Khartoum s'apparente à celle de la fête de l'indépendance du 5 juillet 1962. Le «folklore» sétifien qui est mis en branle autour du point stratégique de la ville, Aïn El Fouara, finit par s'étendre sur une distance de plus de 3 km dans l'artère principale, la rue de Constantine. A une heure du matin, voire deux heures, la ville ne désemplit pas encore, car la population continue à affluer de partout. Les femmes organisées en groupes, de tranches d'âge confondues, tentent de gagner au plus vite les lieux des rassemblements populaires aux points culminants de la ville. Au lendemain de la soirée mémorable du mercredi, les tout-petits décidèrent de gagner les écoles aux couleurs nationales pour faire la fête dans la cour de leurs établissements, chacun des chérubins récitant parfaitement les refrains des slogans fanatiques de l'équipe nationale.