La maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou abrite des journées portes ouvertes sur le phénomène de la violence contre la femme, qui ont débuté le 25 novembre et s'étaleront jusqu'au 10 décembre. Des expositions et des journées de sensibilisation pour une prise en charge des femmes victimes de violences seront organisées durant cette même période à travers les différentes localités de la wilaya de Tizi Ouzou par la direction de l'action sociale ainsi que par des associations qui activent sur le terrain en faveur de la cause féminine. Il est question d'élargir le champ de cette activité à d'autres localités de la wilaya de Tizi Ouzou. Les localités concernées sont, outre la ville de Tizi Ouzou, Draâ Ben Khedda, Beni Douala, Azazga, et ce, dans l'optique de se rapprocher un peu plus de la femme rurale. Dans un intéressant exposé, le directeur de la direction de l'action sociale, Mourad Tigha, qui a animé une conférence sur le sujet à la maison de la culture de Tizi Ouzou en présence d'une assistance nombreuse, a d'emblée mis en exergue l'inexistence de statistiques sur le nombre de femmes victimes de violences au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou. Les dernières statistiques remontent à 2005, année durant laquelle cette wilaya a été classée 34e au niveau national en rapport avec le nombre de victimes. «Depuis 2005, les temps et les données ont changé», affirme le conférencier. A cet effet, un programme de recensement sera élaboré prochainement par la direction de l'action sociale, en plus de cerner les causes directes et indirectes qui génèrent la violence contre les femmes au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou. Le même responsable a affirmé que les activités de la direction de l'action sociale pour la protection de la femme seront inscrites dans la continuité. En outre, une brochette de psychologues et autres membres du mouvement associatif ont fait plusieurs interventions afin de rappeler les répercussions négatives de la violence contre la gent féminine sur la société, notamment en ce qui concerne la violence conjugale qui se reflète négativement sur les progénitures et leur rendement scolaire. Le harcèlement sur le lieu du travail, qui prend des proportions alarmantes au sein de notre société ces dernières années, l'agression des jeunes filles dans la rue, moralement et physiquement, et surtout les femmes SDF qui sont livrées à elles-mêmes ont été les sujets développés par les conférenciers. La violence sous toutes ses formes et expressions est devenue un véritable phénomène de société. Prise en charge de 181 cas De son côté, la ligue de prévention et de sauvegarde de la jeunesse et de l'enfance, qui a participé à l'événement, a dressé le bilan annuel de ses différentes activités menées sur le terrain depuis janvier 2009 à travers toute la wilaya de Tizi Ouzou. En effet, le nombre de prises en charge juridiques en faveur des femmes maltraitées est de 181 cas. Cette prise en charge consiste, outre l'orientation de la victime, en sa défense par des avocats bénévoles qui plaident gratuitement leur cause devant les instances juridiques jusqu'au recouvrement de leurs droits qui sont, dans la majorité des cas, l'obtention du divorce et les indemnisations. Pour les cas de prise en charge psychologique enregistrés par cette ligue, ils sont de l'ordre de 282 au niveau local. Toutes ces prises en charge sont évidemment assurées par des psychologues bénévoles. Le travail et les activités de cette ligue ne s'arrêtent pas là, puisque des campagnes d'écoute et d'orientation sont menées quotidiennement sur le terrain. Les animateurs de la ligue ont réussi à sensibiliser jusque-là 4424 femmes et 162 hommes durant la période allant de janvier à novembre. Ce chiffre sera revu à la hausse incessamment, affirme un membre actif de la ligue. Par ailleurs, les motifs des violences signalées par les victimes sont en général des violences physiques et parfois des harcèlements sexuels. En définitive, l'apport du mouvement associatif est capital pour l'amélioration des conditions féminines au sein de notre société. Aussi faut-il signaler que ces animateurs ont déploré l'existence de plusieurs cas d'un sujet qui est tabou dans la société. Il s'agit de l'inceste. Là, les souffrances sont terribles et muettes à la fois. Il est vrai aussi que les violences contre les femmes ne sont pas un phénomène nouveau dans notre société. Elles ont toujours constitué un véritable tabou, et les femmes en général, ignorant leurs droits en la matière et vu d'autres facteurs purement sociaux, subissaient cette violence en silence. Aujourd'hui, les choses commencent à bouger, et ce genre de campagnes n'est que salutaire. De nombreux cas de violences sont réglés au sein même de la cellule familiale, empêchant ainsi l'éclatement de scandales. Il est par ailleurs rare de voir des femmes victimes de violences physiques ou morales, comme les harcèlements sexuels, porter plainte devant les tribunaux.