Le tirage au sort de la Fifa a placé l´Algérie dans le groupe de l'Angleterre, aux côtés des Etats-Unis et de la Slovénie. Un groupe difficile – c´est vrai – non pas par la valeur reconnue des Britanniques, car à ce stade de la compétition d´élite mondialiste, toutes les équipes ont toutes leurs chances intactes et se valent plus ou moins. Y compris celles que le hasard a rangées dans le dit «groupe de la mort», face au Brésil et au Portugal. Bien sûr, la logique a ses raisons, ses repères, elle établit sa hiérarchie des valeurs. Elle donne une idée de la valeur de chaque équipe. Tout pronostic serait cependant hasardeux à partir de cette seule vision qui relèverait plus du jeu du loto. En partant du principe qu´aucun pays n´a usurpé son billet, y compris la France qui s´est qualifiée par la «main de Dieu» et qui reste une grande nation du football, les chances sont donc intactes pour tout le monde de passer ou non au second tour. Partir du principe d´une défaite honorable face à l´Angleterre à une victoire sur la Slovénie, Rabah Saâdane ne tombera pas dans ce jeu des pronostics hasardeux et méprisants pour l´adversaire. L´Algérie a beaucoup gagné en maturité. Elle voue du respect à toute équipe supposée petite ou grande. Par la très bonne image qu´il donne du pays ici et à l´étranger, par sa sagesse, par sa sportivité et par sa retenue en toutes circonstances, Saâdane n´est pas homme à faire dans la suffisance ou le mépris, loin de là, ni à faire des déclarations qui ne correspondent en aucun cas à la personnalité des Algériens, faite de sens de la mesure, de l´équilibre, de la nuance, jamais de suffisance ou d´absence de retenue. Ni surestimer – respecter oui – la valeur d´un adversaire, ni jamais mépriser la plus «petite» des équipes contre laquelle Saâdane préparera un match plein. La méthode du «Cheikh» Les Algériens ont découvert une équipe algérienne qui gagne, qui évolue sans complexe, ni contre le Brésil, ni contre l´Argentine, ces deux meilleures équipes du monde face auxquelles elle a fait très bonne figure, parce qu´elle a su concilier le patriotisme dans les tripes et l´esprit compétitif. Mieux que les résultats sur le terrain, l´entraîneur national a su inculquer à ses joueurs les valeurs qui font une grande équipe nationale, motivée, homogène, complémentaire dans tous ses compartiments, et solidaire. Voilà les atouts de Saâdane qui a appris à ses hommes de savoir, surtout, garder les pieds sur le terrain de foot, de ne jamais faire dans l´autosuffisance ni dans la prétention, encore moins dans les complexes, ni encore moins de tomber dans la provocation. Négocier match par match, avec la même motivation, dans le même esprit sportif, voilà la méthode du grand entraîneur national que nous avons la chance d´avoir et dont la réputation est, aujourd´hui, reconnue à l´échelle mondiale. Cheikh n´est-il pas le seul entraîneur arabe à avoir fait trois «Mondial»? Celui qui peut encore une fois relever le prestige de l´Algérie et avec elle celui de l´Afrique et du Monde arabe? Celui enfin qui sait rester serein à sa place sans céder à la pression du match. La meilleure récompense L´objectif de l´Algérie, c´est de faire bonne figure en Afrique du Sud et, ne l´oublions pas, d´abord de bien négocier la Coupe d´Afrique en Angola, où tous les adversaires se prépareront au maximum pour affronter les mondialistes. Faire bonne figure, pas seulement à travers des résultats sportifs, mais, tout comme ils l´ont fait jusqu´à présent, par un comportement exemplaire, civilisé, sur le terrain, en vrais professionnels qui savent respecter la décision de l´arbitre même si elle est, volontairement ou non, injuste, garder leur sang-froid. Nos héros l´ont démontré face à l´Egypte et au Rwanda. Nos supporters aussi. Quelle classe d´avoir accepté sans protester les erreurs d´appréciation de l´arbitre guinéen ! Les camarades de Ziani ont honoré leur contrat avec leur pays. Ils ont su donner l´image d´une Algérie loin des clichés dont on nous a accablés durant deux décennies à l´étranger et que, hélas, un pays frère, l´Egypte a ressortis, pour des motifs que le sport ne peut expliquer. Le drapeau national est aujourd´hui arboré fièrement à travers le monde entier, aux côtés de ceux des plus grandes nations du football. C´est là la meilleure récompense pour l´Algérie qui gagne. Saâdane et ses hommes ont toute la confiance de leurs compatriotes qui les accompagneront pas à pas durant ces deux merveilleuses aventures sud-africaine et angolaise. Face à l´équipe de Capello avec les Beckham et Gerrard, face aux Etats-Unis ou la Slovénie, Antar Yahia, Magic et leurs camarades joueront sans complexes pour passer au second tour, tout comme le feront leurs adversaires. Ni groupe facile donc, ni groupe de la mort, groupe faible, face auxquels le Onze de Saâdane offrira le meilleur de ce qu´il sait faire L´Etat, pour sa part, s´acquittera admirablement de ses obligations, en offrant à l´équipe nationale les meilleures conditions de préparation de la Coupe d´Afrique et du Mondial. Sans rechigner sur les moyens, car ce n´est pas tous les quatre ans que nous avons eu cette chance d´être parmi les grands. Ce qui est déjà la grande performance des Verts qui sont passés de la queue de la liste de la Fifa à l´honorable 28e place. Une seule devise dans la bouche des Algériens : «Allez les Verts» !