Il est connu en Algérie et à travers le monde que les noms propres fascinent toujours en particulier les patronymes qui peuvent aller des fois jusqu'à la découverte d'un lien de parenté avec des gens qu'on ne connaissait pas jusque-là. L'origine des noms a toujours été l'objet de bien des questions, même pour la psychanalyse pour qui elle constitue un nœud essentiel dans la recherche de l'individu des chemins les plus mystérieux de son psychisme. Dans d'autres cas, le sens d'un nom peut constituer un sujet de tracas, de gêne surtout quand il sonne désagréablement ou bizarrement. A Tizi Ouzou, comme sans doute partout en Algérie, il existe des noms dont l'origine étymologique n'est pas facile à cerner. Certains ont même une connotation bizarre qui pousse certains d'entre eux à se rendre au tribunal en vue de demander soit une rectification ou carrément un changement de nom. C'est à ce propos, et pour en savoir plus que nous nous sommes rapprochés du tribunal de Tizi Ouzou où l'on dépose des tas de demandes, soit pour rectification ou changement de nom ou de prénom. Le changement de nom, une procédure légale Un tel changement ne peut se faire que par voie de justice. Le procureur de la République nous a d'emblée fait savoir qu'il y a effectivement des demandes qui se font dans ce sens. Il dira que toutes sont prises en compte et qu'une réponse favorable est généralement accordée aux demandeurs dans un délai qui varie de quinze jours à un mois. Pour quelles raisons demande-t-on de changer de nom ? Les raisons sont multiples. Sans vouloir trop s'étaler là-dessus, le procureur nous informera que, dans la plupart des cas, les demandes portent sur des rectifications et non sur un changement total de patronyme. C'est généralement dû à des erreurs de transcription au niveau de l'état civil. Il n'accédera pas à notre demande de nous citer des exemples. Cela équivaudrait à s'ingérer dans les affaires personnelles des demandeurs. Nous n'avons pas pu donc obtenir des statistiques et encore moins certaines raisons qui poussent les gens à se rebaptiser. Mais il est de notoriété que certains patronymes ont des consonances des plus bizarres. Dans certains cas, ils renvoient toujours à quelque chose qui peut aller de la dénomination d'une parcelle de terrain à une couleur ou autres Parfois, certains patronymes se prêtent à diverses extrapolations qui vont jusqu'au ludique. Nous nous arrêterons là au risque d'offusquer certaines personnes dont les noms frisent le «vulgaire». A ce sujet, on raconte encore et toujours des anecdotes qui se sont produites ici et là et que l'on reprend pour rire. A l'origine, l'administration coloniale Aussi, faut-il signaler que dans certaines régions de la wilaya de Tizi Ouzou, plus particulièrement en Kabylie maritime, on rencontre des patronymes dont l'origine vient des noms de lieux. Le patronyme Talmat (pré), Ighil ou Tighilt est synonyme de colline ou encore Iguer qui veut dire champs, Aguemoun qui veut dire mont… D'autres renvoient à un habit comme Boukendour qui veut dire l'homme à la gandoura, Boumendil, l'homme à l'écharpe ou encore d'autres qui renvoient à une couleur comme Azegagh (rouge) ou à une fonction ou un statut comme pour Akli (esclave ou noir ou encore trompe-la-mort). Il semble, selon ce qui est rapporté de génération en génération, que certains ont été dénommés ainsi par l'administration coloniale qui a introduit l'état civil en Algérie. Il existe aussi des «aptonymes» : noms ayant une relation avec un métier de celui qui le porte. Quoi qu'il en soit, les noms kabyles ont dans leur majorité une signification. Au-delà de l'intonation, qui peut parfois donner lieu à des homophones qui font que certains noms sonnent bizarres, ils sont nombreux à vouloir changer de patronyme.