C'est demain que s'ouvre, au tribunal de Bir Mourad Raïs à Alger, le procès du détournement aux œuvres sociales de Sonelgaz après trois reports. Ce procès est très attendu non seulement par les employés actifs ou retraités de Sonelgaz mais aussi par l'ensemble de l'opinion publique qui s'intéresse à cette affaire de dilapidation de deniers publics, d'un montant de 100 milliards de centimes. De lourdes condamnations ne sont pas à écarter au terme de ce procès, comme cela a été décidé par la présidente du tribunal, en date du 28 avril 2010. Les griefs retenus contre les 19 accusés dans le cadre de cette affaire aux accointances d'un véritable scandale se rapportent à la procédure illicite de surfacturation et de passation de marchés douteux. Le fait nouveau qui se dévoile au grand jour dans le sillage de ce procès a trait au retour au devant de la scène des anciens syndicalistes de Sonelgaz. En effet, sous la conduite de Moulay Mohamed Cherif, ex-secrétaire général du syndicat de l'entreprise durant la période s'étalant de 1990 à 1995, trois autres syndicalistes ont décidé de se constituer partie civile. Ces derniers sont soutenus dans leur démarche par Me Zouaoui Mohamed. Dans leur requête adressée au tribunal de Bir Mourad Raïs, dont nous avons obtenu une copie, ce groupe de syndicalistes motive son initiative par le fait d'éclairer la justice au sujet des «graves dérapages perpétrés par les gestionnaires des œuvres sociales de Sonelgaz incriminés dans cette affaire de détournements de 100 milliards de centimes». Dérapages qu'ils considèrent comme étant «une trahison absolue vis-à-vis des employés de l'entreprise». Dérapages graves et dépassements inacceptables Le contenu de la requête transmise par les anciens syndicalistes au tribunal de Bir Mourad Raïs en prévision du procès qui se tiendra demain, enfonce davantage les accusés. Ils fustigent, en effet, le dénommé A. T., actuel secrétaire général du syndicat national de l'entreprise et qui n'est autre que l'un des principaux incriminés dans l'affaire de détournement de 100 milliards de centimes inscrite au niveau du tribunal de Bir Mourad Raïs sous le numéro 3202. Outre le fait «d'utiliser le fonds des œuvres sociales de Sonelgaz comme un bien personnel qu'il gère à sa guise», A. T. est aussi accusé par les anciens syndicalistes d'exclure, en tant que bénéficiaires de ces œuvres, les retraités, ce qui s'inscrit a contrario de la convention collective de l'entreprise, paraphée en 1991, et dont nous avons également obtenue une copie. Sous la conduite de A. T., le fonds des œuvres sociales et culturelles (Fosc) exige des travailleurs retraités de l'entreprise le paiement intégral des vacances de famille qu'organise Sonelgaz annuellement (sic). Cela se passe au moment où plusieurs cadres dirigeants de l'entreprise ont eu accès à ces vacances en contrepartie d'un paiement partiel, voire insignifiant. Le Fosc qui organise régulièrement des Omra au profit des travailleurs, a fait bénéficier gratuitement beaucoup d'élus du syndicat que dirige A. T., alors que le reste des travailleurs devait payer ce voyage en versant d'abord 50% de son montant initialement et de s'acquitter du reste sous forme de retenues sur salaire sur une vingtaine de mensualités. Des travailleurs de Sonelgaz mis à la rue sur ordre de A. T. Ils sont au nombre de huit, ces employés de Sonelgaz qui ont bénéficié chacun d'un studio au 5, rue Idriss Bey (ex-Négrier), à Alger-Centre. Ils ont eu à occuper pendant une bonne période ces logis où ils ont fondé leur foyer et puis vient le jour où le syndicaliste A. T. leur intime l'ordre de quitter les lieux sans aucune solution de rechange. Les 8 employés se retrouvent donc dans la rue, ainsi que les membres de leurs familles, «pour la simple et bonne raison que celui sensé défendre leurs intérêts en a décidé ainsi», soutient M. Moulay. Les huit studios qu'ils ont eu à occuper sont par la suite «récupérés par A. T. qui engage, aux frais de Sonelgaz (plusieurs millions de centimes) des travaux d'aménagement pour les transformer en 2 F4 qu'il a fini par occuper lui-même avec sa famille», conclut notre interlocuteur.