Le match nul contre l'Algérie (0-0) vendredi, après celui concédé contre les Etats-Unis (1-1), place l'Angleterre dans une situation périlleuse dans un groupe C qu'elle pensait dominer outrageusement et dans un Mondial 2010 qu'elle veut gagner. La situation est simple : les Anglais se qualifieront pour les 1/8 de finale en cas de succès sur la Slovénie le 23 juin ; tout autre résultat (sauf éventuellement un nul riche en buts) les éliminerait. Mais, relève l'ancien international Chris Waddle, la sélection aux Trois Lions a «un grave problème». Plusieurs même. La condescendance. Rien de tel que de tendre le micro à un Anglais pour motiver l'adversaire ! «Le meilleur groupe anglais depuis les Beatles», «EASY», a pu titrer le quotidien populaire The Sun en reprenant les premières lettres de chaque équipe («England, Algeria, Slovenia, Yanks»), tandis que ses concurrents ont détaillé la «route pour la gloire» jusqu'en finale... Avant le match, il n'a été question que d'un éventuel 1/8 contre l'Allemagne. Personne ne semblait intéressé par l'Algérie, que Wayne Rooney était «certain» de battre. Et ça continue : alors qu'elle a «bougé» l'Angleterre à Wembley en septembre, la Slovénie est décrite dans la presse comme tout au plus «courageuse»... Où sont les stars ? Steve Gerrard se bat mais sans guider. Frank Lampard est transparent. John Terry est fébrile. Quant à la star des stars... «Rooney ne joue pas comme Rooney», reconnaît le sélectionneur Fabio Capello. «Il n'est pas en forme. Je ne sais pas si c'est mental ou physique», s'interroge son prédécesseur Kevin Keegan. L'attaquant est agacé comme l'a montré sa réaction aux huées : «Très agréable de se faire siffler par ses supporteurs. C'est ce qu'on appelle un soutien loyal...» Porte ouverte. Rio Ferdinand et Ledley King blessés, Jamie Carragher suspendu, ce sera le 4e choix de Capello (Matthew Upson ou Michael Dawson) qui prendra place aux côtés de Terry en défense centrale face aux Slovènes. Si la sauce prend, restera une hypothèque rappelée par l'ex-capitaine des Trois Lions, Alan Shearer : «Nous n'avons pas de grand gardien.» Après la bourde de Robert Green contre les Etats-Unis, David «Calamity» James a été sérieux face à l'Algérie. Tiendra-t-il tout le tournoi ? La pression. Les attentes étaient immenses. Trop peut-être. «Les erreurs sont incroyables, sur les contrôles, les passes faciles. C'est la pression», assure Capello qui décèle de la «peur». «Le rythme est faible, la qualité médiocre, la confiance envolée», selon Waddle. Le niveau. A l'exception de l'Allemagne, les autres grands rivaux de l'Angleterre disposent d'effectifs plus complets. L'attaquant titulaire Emile Heskey ne figurerait vraisemblablement pas dans le groupe de joueurs de l'Espagne, du Brésil, de l'Argentine ou des Pays-Bas. Le milieu Gareth Barry n'y serait pas considéré comme un élément essentiel... La crise qui pointe. Questions sur sa démission à Capello, rumeurs de dissensions... L'Angleterre rejoue un scénario éculé : après l'enthousiasme patriotique (qui renaîtra en cas de qualification), le désamour mélodramatique. «C'est incroyable», souffle le sélectionneur. «Welcome to England, Signore»...