Dans une émision présentée par l'animateur Kamel Tarwiht, vendredi dernier, un invité pas comme les autres a laissé pantois plus d'un. Il s'appelle Gadri, la vingtaine, il est d'origine africaine, il ne parle pas kabyle mais il chante... Matoub ! Les présents et les téléspectateurs n'en croyaient pas leurs oreilles lorsque cet artiste, qui ressemble étrangement à Matoub lorsqu'il était jeune, a chanté des chansons de l'artiste et dit avoir appris par coeur tout son répertoire. «Vous ne parlez pas kabyle ?» demandait l'animateur. Gadri rétorquait : «Je ne parle pas et je ne comprend pas grand-chose... mais je chante Matoub.» Il chante Matoub sans fausse note avec un kabyle déroutant, l'on dirait que c'est un kabyle. La voix de cet artiste hors pair est un mélange de celle de Matoub et de Cheikh el Hasnaoui, qu'il imite magistralement. Lorsque Gadri avait entendu les chansons de Matoub pour la première fois il y a quelques années, il déclare que cela lui a été familier. Il l'a tout de suite adopté. Une sorte de coup de foudre artistique. Beaucoup pensaient que c'était là la «réincarnation» de Matoub, tellement ils étaient agréablement surpris au plus haut degré. Gadri a laissé une forte impression, et d'ores et déjà, l'on pensait à l'inviter en Kabylie pour faire des galas ! Cette «adoption» artistique de la chanson kabyle et du chantre de l'amazighité, Matoub en l'occurrence, par un artiste qui n'est de surcroît pas kabyle, renseigne sur la place au panthéon que Matoub a conquise malgré sa courte vie. Les téléspectateurs de Berbère TV ne pouvaient espérer mieux que ce cadeau pour marquer le 12e anniversaire de l'artiste de tous les combats justes. Matoub Lounès.