Les chiffres officiels fournis par le ministère de l'Education nationale ne rendent pas compte de la situation désastreuse de l'enseignement dans le Sud. Des fonctionnaires de la direction de l'éducation de la wilaya de Tamanrasset affirment, entre autres, que plusieurs établissements n'ont pu assurer cette année les cours de mathématiques, de physique, de français et d'anglais faute d'enseignants. La situation de l'enseignement ne prête pas à l'optimisme dans les wilayas du sud. Jeudi, le sénateur Messaoud Famama l'a fait savoir au ministre de l'Education nationale en contestant, notamment, la fiabilité des chiffres que M. Benbouzid a avancés aux représentants de la nation. L'opinion du sénateur est largement partagée par les habitants de la wilaya de Tamanrasset qui considèrent que les statistiques ne rendent pas compte d'une situation qui frôle la catastrophe. Des sources au niveau de la direction de l'éducation nous ont indiqué hier que de nombreux parents d'élèves sont outrés par le fait que des matières dites essentielles, à savoir les mathématiques, la physique et les langues étrangères, ne sont pas assurées dans plusieurs établissements scolaires de la wilaya. A l'exception notable de Tamanrasset ville où le problème est résolu, la situation est pratiquement ingérable dans le reste des daïras. Les communes relevant de In Salah, In Guezzam et Tazerouk sont les plus affectées par le déficit en enseignants. Plus on s'éloigne des agglomérations principales, plus leur absence se fait sentir. Souvent de manière flagrante, assurent nos sources qui relèvent une situation chaotique dans les villages isolés. Le français vient en tête de liste des matières qui ne sont pas dispensées, suivi des mathématiques et de la physique. Des carences sont constatées également dans l'enseignement de la langue anglaise. Les besoins se font ressentir de manière aiguë dans la majorité des établissements. Le logement à la rescousse Un tableau sommaire fourni par les services de la direction de l'éducation indique que les besoins sont immenses dans les daïras sus-citées, qui manquent cruellement d'enseignants de français, d'anglais, de maths et de physique. Que ce soit à Ideless, Tazerouk, In Salah, In Amguel, Abalessa ou Tahifet, la situation est presque identique. Plus important, confirment nos sources, des centaines d'élèves des trois cycles ont passé cette année leurs examens sans avoir reçu un seul cours de français, de maths ou de physique, selon les cas. En réaction à cette situation devenue très pesante, les responsables de la wilaya ont décidé de réserver un quota spécial de logements à tous les enseignants de français, d'anglais, de maths et de physique désirant s'établir dans les villages de Tamanrasset. Nos sources confirment que 107 logements neufs répartis à travers la wilaya ont été mis à la disposition de la direction de l'éducation. Ce quota sera distribué dès le mois de septembre. La même direction a conclu une convention avec l'OPGI pour la construction de logements dans tous les villages de la wilaya. Ces logements seront réservés exclusivement au corps enseignant. En parallèle, le ministère de l'Education a adressé une directive aux directions de wilaya, les appelant à faciliter l'installation des jeunes enseignants venant du nord du pays en leur assurant en priorité l'hébergement. Plus de 4000 logements, a indiqué dernièrement le ministère de l'Education, ont été réquisitionnés pour inciter les enseignants des matières dites essentielles à s'établir dans les wilayas du grand sud. Nos sources estiment toutefois que le logement n'est qu'un facteur incitatif parmi plusieurs autres. Le plus important, suggèrent-ils, c'est de convaincre des enseignants habitués au confort relatif des villes du nord à s'établir dans des villages dénués de la moindre commodité. En plus des dures conditions climatiques, ils doivent faire face à l'isolement et à de nombreux autres aléas. Beaucoup de prétendants, précisent-ils, rebroussent chemin à la seule vue du village où ils sont affectés.