Le torchon brûle entre les autorités et les syndicats autonomes. Les élèves demeurent les otages d'une guerre des chiffres qui fait rage. Le 5 octobre, le choix de la date est loin d'être fortuit. «La journée de protestation» observée, hier, par l'Intersyndicale de la Fonction publique a été différemment appréciée. «Faible», selon l'administration, et «un tsunami syndical», pour les protestataires. Pour le ministère de l'Education nationale, le taux national de la grève ne dépasse pas le seuil des 30%, dans les différents paliers scolaires. En ce sens, le département a établi une «situation statistique de la grève», parvenue, hier soir, à notre rédaction. Selon ce document, le taux de la grève est de «0,6%» au niveau du primaire. A ce titre, les chiffres du ministère font état de la mobilisation de 928 travailleurs sur un nombre total de 157.684. Au niveau du moyen, le même document fait état d'une faible mobilisation. Ainsi, «la situation statistique» de l'administration limite la mobilisation à 1,6%. Autrement dit, sur 140.828 travailleurs, seuls 2512 ont observé la grève. Cela dit, le taux officiel le plus élevé a été enregistré dans le secondaire. En effet, les statistiques du ministère font état de 20.464 travailleurs ayant débrayé sur un total de 71.349 personnes, soit 28,60%. Par ces chiffres, la tutelle entend jouer la carte de l'exactitude. Cette stratégie a deux objectifs: montrer sa maîtrise de la situation et minimiser l'impact du débrayage. A contrario, les syndicats de la Fonction publique parlent de la réussite de «la journée de protestation». Le ton est donné par le Conseil des lycées d'Alger (CLA). «C'est un tsunami syndical», a clamé M.Achour Idir, secrétaire général du CLA. Selon ce syndicaliste, «le taux de débrayage national a atteint des niveaux satisfaisants. Dans le secondaire, il avoisine les 90%, pour le moyen 50%, et pour le primaire 60%». Cependant, le représentant du CLA n'a pu décliner les chiffres exacts de la grève. Sur ce plan, il est à noter que l'Intersyndicale se réunira, au plus tard, le week-end prochain, pour établir le bilan de «la journée de protestation», et arrêter les actions à suivre. Dans ce contexte, la wilaya de Tizi Ouzou vient en tête, en termes de mobilisation. En effet, les porte-parole de l'Intersyndicale se disent «satisfaits» du taux de suivi enregistré. A ce sujet, le Cnapest a avancé le chiffre de 95%. Selon le responsable de wilaya de ce syndicat, «ce mouvement démontre l'adhésion totale des travailleurs et des enseignants aux revendications portées par les syndicats autonomes». Du côté de l'Union nationale des professeurs de l'éducation et de la formation (Unpef), c'est le même sentiment de satisfaction. «Plus de 90% des affiliés ont répondu favorablement à l'appel de la grève.» Même satisfecit à Béjaïa où le taux de suivi est, selon les syndicats, de 80% pour les lycées, et entre 50% et 60% dans le moyen et le primaire. Idem pour la wilaya de Bouira où la grève a été «largement suivie», selon les représentants de l'intersyndicale. En revanche, la wilaya d'Oran semble ne pas suivre le tempo. Et pour cause, le mouvement décidé pour la journée d'hier, n'a pas fait l'unanimité parmi les employés du secteur de l'éducation, notamment sur les questions organiques. «Nous nous interrogeons sur les raisons de ce choix», a déclaré M.Aous, coordinateur de la wilaya d'Oran du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement technique et secondaire (Snapest) qui a déploré que «la grève soit sortie de son cadre initial qui est de revendiquer les droits des employés de l'éducation, d'autant que nous n'avons été ni consultés ni concertés pour décider de ce choix et la date retenue pour la grève». Sur un autre plan, les représentants de l'Intersyndicale n'ont pu tenir leur sit-in devant le siège du ministère de l'Education nationale à Alger. A ce titre, ces derniers ont été «invités» à observer leur rassemblement devant le lycée Cheikh-Bouamama à El Mouradia.