Photos : Fouad S. A l'instar des autres secteurs d'activités, celui de l'éducation ne fait pas exception. L'ouverture démocratique a entériné officiellement l'existence des écoles privées qui viennent en appoint au secteur public et surtout répondre à une demande. Bien que l'expérience des écoles privées est relativement récente (fin des années 90 début des années 2000), le démarrage s'est fait progressivement pour atteindre, à ce jour, le nombre de 156 écoles agréées, dont la majorité est implantée dans la capitale. En effet, ce besoin d'ouverture au privé est venu pour répondre à des attentes. Il constitue l'une des orientations principales de l'Education nationale comme cela se fait dans le monde entier. « Mieux, dira un des responsables au niveau du ministère de l'Education, elle constitue une complémentarité nécessaire à l'action de l'Etat quel que soit le régime gouvernemental et les niveaux de développement économique atteints. En plus, les écoles privées sont le maillon qui complète la grande chaîne de l'Education Nationale ». Selon lui, les parents qui ont choisi d'inscrire leurs enfants dans les écoles privées ne peuvent penser que c'est forcément la faillite de l'école publique, les causes sont ailleurs puisque l'école privée n'est nullement l'apanage des nantis. « La majorité des parents sont des fonctionnaires », précisera un autre responsable au niveau du ministère de l'Education nationale. Ces écoles se distinguent du fait qu'elles garantissent aux parents d'élèves des prestations qui font défaut dans les écoles publiques. Premièrement, la cantine est assurée à midi pour les élèves qui habitent loin. Les élèves restent dans l'enceinte de l'école après les heures de cours jusqu'à ce que les parents viennent les chercher. Pendant ce laps de temps, les élèves sont pris en charge par un animateur pour bien leur faire occuper le temps. Généralement, les enfants font des activités de dessin, de musique ou de cuisine. Ils peuvent même venir avant l'ouverture de l'école, entrer et faire une activité avant le commencement des cours à 8 heures. De l'avis général des parents : « l'école privée garantit une scolarité de qualité, une bonne réussite et les enseignants ne ménagent aucun effort pour que l'élève assimile les leçons ». L'autre prestation est le nombre d'élève par classe qui ne dépasse pas, généralement, la vingtaine. Dans les écoles publiques et dans certains établissements, ce nombre est multiplié par trois rendant impossible l'assimilation des cours pour les élèves, quant au professeur, il est beaucoup plus à plaindre qu'autre chose. Par ailleurs, la majorité des écoles privées propose la prise en charge de l'élève de la petite enfance (crèche) jusqu'à la terminale. Certains parents dont les enfants ont été exclus du système scolaire ont eu recours à ces écoles privées. L'inscription de l'élève dans les écoles privées s'effectue de la même façon que dans les écoles publiques selon les instructions prévues dans les textes en vigueur. C'est pour cela que le transfert ne s'effectue que sur la présentation d'une attestation de succès pour les deux paliers et le transfert se fait dans les deux sens du privé vers le public et vis versa. Qui peut ouvrir une école d'enseignement privée ? A la faveur de l'ordonnance 03/09 modifiant et complétant celle de 76, toute personne morale ou physique qualifiée et qui se soumet à la loi peut créer une institution d'enseignement à condition d'appliquer la loi qui définit les bases de l'enseignement dans les institutions éducatives privées. En d'autres termes, tout Algérien ou étranger a le droit d'ouvrir une école privée à condition de se conformer aux lois régissant le secteur. Le dossier doit être remis à une commission. Elle est présidée par le directeur de l'Académie, des membres représentants la direction de l'Education, la santé, la protection civile, les services de wilaya chargés de l'administration locale, la direction de l'urbanisme, de la construction et de l'urbanisme et en dernier la direction des impôts. Après l'étude du dossier par cette commission, ce dernier est transféré au ministre de l'Education qui donne son accord après une autre vérification réalisée par une autre commission de l'administration centrale. 13 ÉCOLES PRIVÉES FERMÉES POUR NON-CONFORMITÉ AU CAHIER DES CHARGES Tout comme les écoles publiques et conformément à l'ordonnance 05/ 07 en date du 23 août 2005, les écoles privées sont assujetties au contrôle de l'administration pédagogique pour savoir si le cahier des charges est bien respecté. Ce dernier comporte les conditions définies pour l'ouverture et le contrôle des écoles privées stipulant, entre autres, que les conditions des certificats et des diplômes de qualification remis doivent être équivalents au moins à ce qui se fait dans les écoles publiques. Des fonctionnaires du ministère de l'Education nationale effectuent des visites inopinées. L'objectif de ces visites sur le terrain est de vérifier si ces institutions ont respecté leur mission selon les textes législatifs et de sanctionner les dépassements si dépassements il y a. Il est à noter que les écoles privées doivent recruter des directeurs, des professeurs et enseignants retraités, des universitaires et des diplômés des instituts de technologie ainsi que des vacataires. Selon un responsable du ministère, il est remarqué une instabilité au niveau de certaines écoles privées. « Ceci, dira- t-il, influe négativement sur le rendement pédagogique des élèves. Par ailleurs, les différentes visites d'inspection effectuées, entre 2008 et 2009 dans des écoles se trouvant dans certaines wilayas ont démontré que 13 écoles n'ont pas respecté l'application des textes définissant la gestion de ces institutions. Il a été donc procédé à leur fermeture. LES TARIFS OSCILLENT ENTRE 14 000 ET 20 000 DINARS/MOIS S'agissant du montant des frais de scolarité, ces derniers diffèrent d'une école à une autre selon les services que propose chaque établissement. A partir de ce constat et pour plus de transparence, la tutelle oblige l'affichage de toutes les prestations en même temps que leur coût pour que les parents d'élèves soient informés. En général, ces derniers payent une somme allant de 14 000 à 20 000 dinars par mois en fonction des différents paliers. Sur un autre plan, le ministère de l'Education n'ignore pas que les sorties pédagogiques et les visites thématiques sur le terrain renforcent l'épanouissement de l'élève en élargissant ses connaissances culturelles. A ce propos, le ministère reconnaît que dans certaines écoles, les associations de parents d'élèves sont dynamiques et font un travail remarquable sachant que cette activité n'est pas généralisée à toutes les écoles publiques. Comment se fait la coordination entre l'association des écoles privées et le ministère de l'Education ? L'objectif principal est de réaliser les objectifs de la loi portant sur l'orientation de l'éducation nationale tels que le renforcement de la généralisation progressive des classes préparatoires ; une coordination parfaite entre les deux parties ; une planification pour le recyclage des professeurs et des enseignants des écoles privées. Sur ce plan, « le ministère de l'Education nationale continuera à accompagner ces établissements », affirme un directeur central. Et enfin, le soutien de ces écoles en manuels et livres scolaires. Toutefois, beaucoup de parents d'élèves affirment que l'école publique reste le bastion fort et a encore de beaux jours devant elle.