Le gardien de but est la pierre angulaire d'une équipe de football. Sa fonction première est évidente : empêcher l'adversaire de marquer. Pour cela, il faut bien sûr être doté d'une technique irréprochable, mais également d'un sens aigu de l'autorité, d'un caractère en acier trempé et d'une grande aptitude à rassurer ses coéquipiers. Après tout, ce n'est pas pour rien que ce poste est considéré comme le plus ingrat de tous. A 24 ans, Fernando Muslera réunit toutes ces qualités. Cela explique en partie pourquoi, il disputera une demi-finale de Coupe du monde de la FIFA contre les Pays-Bas. Muslera est né le 16 juin 1986 à Montevideo. Il n'est pas près d'oublier les deux tirs au but qu'il a repoussés, lors du quart de finale contre le Ghana, sur des tentatives du capitaine John Mensah et de l'attaquant Dominic Adiyiah. «Quand la série a commencé, j'ai essayé de garder mon calme et de faire confiance à mon instinct. Après, il y a forcément une part de réussite car sur penalty, le gardien n'a quasiment aucune chance», explique le portier uruguayen à la FIFA. Le jeune homme a fait ses grands débuts dans les cages de la Celeste il y a moins d'un an, le 10 octobre 2009. Ce jour-là à Quito, pour le compte de l'avant-dernière journée des qualifications sud-américaines pour l'Afrique du Sud, l'Uruguay bat l'Equateur 2:1 et empoche trois points indispensables. Oscar Tabárez ne change pas cette équipe qui gagne. Muslera s'installe. Jusque-là, le patron de la Celeste avait essayé trois autres gardiens, qui n'ont pas été convaincants. La quatrième fois sera la bonne. Avec 15 arrêts effectués dans cette Coupe du monde de la FIFA, Muslera est le deuxième joueur le plus efficace à son poste parmi les quatre équipes demi-finalistes, derrière l'Allemand Manuel Neuer (18), mais devant le Néerlandais Maarten Stekelenburg (13) et l'Espagnol Iker Casillas (10). En outre, il ne s'est incliné que deux fois en Afrique du Sud, à l'instar de Stekelenburg et de Neuer. Muslera n'a de cesse de rappeler que tout le mérite de l'excellent parcours uruguayen en Afrique du Sud revient à ses coéquipiers, mais ces derniers ainsi que leur sélectionneur lui retournent volontiers le compliment. «Il réalise une grande Coupe du monde, et j'en tire une énorme satisfaction personnelle. Il a montré toute sa force de caractère dans la série de tirs au but face au Ghana, où il a été décisif», s'enthousiasme Tabárez. «On dit toujours que c'est de la chance, mais je ne suis pas d'accord. Pour moi, un penalty, c'est une question de confiance et d'efficacité», affirme Sebastián Abreu. «Il a un talent incroyable pour un gardien aussi jeune. Il nous apporte énormément de sécurité et communique avec nous de façon très juste, sans en rajouter», ajoute le latéral gauche Jorge Fucile. Il est trop tôt pour faire une comparaison définitive entre Fernando Muslera et ses prédécesseurs au poste de gardien dans les éditions antérieures de la Coupe du monde de la FIFA. Mais avec des débuts aussi encourageants et une demi-finale à venir, le numéro 1 charrúa semble promis à un avenir radieux. Qui arrêtera celui qui sait si bien arrêter ?