Championne d'Europe en titre, l'Espagne disputera dimanche sa première finale de Coupe du monde face aux Pays-Bas. Et selon la plupart des observateurs, la Furia Roja a toutes les cartes en main pour dominer le monde. Espagne ou Pays-Bas ? Ce soir, un champion du monde tout beau tout neuf succèdera à l'Italie. Après l'Uruguay, le Brésil, l'Argentine, l'Allemagne, l'Italie, l'Angleterre et la France, une 8e nation s'invitera dans cette caste ultra-fermée des équipes étoilées, à l'issue d'une finale que tous annoncent alléchante entre deux équipes très offensives, joueuses et plutôt rafraichissantes. Avec deux footballs finalement loin d'être opposés, selon Ruud Krol, double finaliste de la Coupe du monde avec les Pays-Bas, interrogé sur RMC, «l'Espagne est très influencée par l'école néerlandaise : Rinus Michels dans les années 70, Cruyff dans les années 90, puis Van Gaal et Rijkaard dans les années 2000. Ils ont la même philosophie : il vaut mieux tenir le ballon que courir après, et ça ils l'ont pris aux Néerlandais. On le voit avec le jeu de Barcelone, d'ailleurs Guardiola faisait partie de l'équipe en or de Cruyff, et c'est ce qu'il fait". L'atout des Oranje : le potentiel offensif Sauf que les Pays-Bas ont toujours échoué avec cette culture du beau jeu. Notamment dans les années 1970. L'Espagne, elle, peut-elle le faire ? Autrement dit, les Oranje peuvent-ils se faire damer le pion une troisième fois dans leur histoire par l'équipe qu'elle a en quelque sorte enfantée ? «Leur seul problème, c'est qu'ils ont plus de mal à marquer des buts que les Néerlandais», estime Krol. Et c'est bien là que réside l'unique opportunité des Bataves, à en croire les différents observateurs. «Pour avoir une chance de battre l'Espagne, il faut se mettre en tête de marquer deux buts, explique Rolland Courbis sur RMC. Maintenant, que tu as à ta disposition un Sneijder, un Robben, un Van Persie et un Kuyt, moi j'appelle cela un potentiel offensif très compétitif. A partir de ce quatuor, je pense que les Néerlandais sont capables de poser des problèmes à l'Espagne, voire gagner ce match.» Ce n'est pas Boudewijn Zenden qui osera dire l'inverse. L'Espagne, «la meilleure équipe du monde» Dans l'union, l'ancien Marseillais a trouvé une autre source d'optimisme. «Il faut parfois un peu de réussite et nous l'avons avec nous. Aux Pays-Bas, c'est la folie ! On reparle beaucoup de 1974 et 1978. J'ai grandi dans ce souvenir, ce que me racontait mon père, la naissance du football total. Mais en 74, nous avons perdu en Allemagne contre l'Allemagne, en 78 en Argentine contre l'Argentine. Cette fois, nous ne jouons pas la finale contre le pays organisateur.» Certes, mais les Pays-Bas affrontent un ogre à l'appétit féroce, «la meilleure équipe du monde», dixit Joachim Löw. Pour le sélectionneur allemand, terrassé par la Furia Roja en demies (1-0), l'Espagne «a des automatismes parfaits, et je ne l'imagine pas ne pas être sacrée championne du monde». Et à vrai dire, ils sont nombreux à partager son point de vue. Gary Lineker, si impressionné il y a quelques années par la rigueur et l'efficacité allemandes, a totalement changé de bord car les Ibères «sont toujours aussi forts dans la conservation et la circulation du ballon (par rapport à 2008). C'est un plaisir de les regarder jouer. Fernando Torres n'a pas complètement retrouvé sa forme et il manque à l'équipe. Malgré cela, j'adore le football proposé par l'Espagne». Même Cruyff vote Espagne Même son de cloche pour Bora Milutinovic sur le site de la Fifa. Si l'entraîneur-voyageur reconnaît que «les Pays-Bas ont du talent et sont capables de vaincre des équipes importantes comme le Brésil et l'Uruguay», il estime que l'Espagne est «plus forte. Elle sort d'une partie du tableau beaucoup plus compliquée et elle vient de battre l'Allemagne en demi-finale. Mes favoris, ce sont les Espagnols». Histoire d'en rajouter une couche, même les illustres anciens joueurs de la sélection néerlandaise ont opté pour le camp opposé. A l'image de Ruud van Nistelrooy, dans une interview à Marca : «L'Espagne est favorite, son football est inaccessible. Personne ne fait circuler le ballon comme les Espagnols et au vue des trois dernières années, ils sont favoris pour gagner.» Même le grand Johan Cruyff, dans le journal El Periodico de Catalunya, considère que l'Espagne est au-dessus du lot : «La sélection de Del Bosque est montée en puissance et se retrouve en finale alors qu'elle est à son apogée dans le jeu. L'Espagne, la copie du Barça, est la meilleure pub pour le football.» Alors bien sûr, son coeur est Oranje. Mais la raison l'emporte : «Je suis Néerlandais mais je défends le football que pratique l'Espagne. Je veux profiter de cette finale intensément.»