Le département d'Etat américain a publié jeudi son rapport annuel sur le terrorisme où il indique qu'Al Qaïda a subi d'importants revers en 2009. La diplomatie américaine note que l'organisation a été surtout perturbée par les opérations de l'armée pakistanaise dans les régions tribales du nord-ouest du pays. Les Pakistanais ont réussi à éliminer plusieurs des dirigeants de l'organisation terroriste et il est devenu plus difficile à Al Qaïda de lever des fonds, d'entraîner des recrues et de préparer des attentats en dehors de la région, note le rapport. Le département d'Etat avertit toutefois que la menace d'Al Qaïda est devenue plus «diffuse» qu'au cours des années précédentes. Dans ce cadre, le rapport évoque plusieurs tentatives d'actions contre les Etats-Unis, notamment l'attentat raté à l'explosif contre un vol Amsterdam-Detroit. Selon les conclusions du département d'Etat, Al Qaïda subit une «désaffection» croissante dans les pays islamiques. Le nombre de responsables religieux et d'anciens militants qui prennent position contre l'organisation s'est accru, mais Al Qaïda a continué à marquer des points lorsqu'il s'agit de «persuader des gens d'adopter sa cause, même aux Etats-Unis». De fait, rappelle le document, cinq Américains ont été arrêtés au Pakistan alors qu'ils étaient soupçonnés de liens terroristes. Inquiétudes sérieuses La publication du document intervient le même jour que l'annonce de l'arrestation aux Etats-Unis de 14 Américains qui auraient apporté de précieux soutiens aux Shebab, les insurgés somaliens affiliés à Al Qaïda. Le rapport évoque également la tuerie de Fort Hood, au Texas, en novembre 2009, qui a fait 13 morts. Pour le département d'Etat, ces actions révèlent la diversité, la mobilité et la polyvalence de recrues spontanées que des organisations peuvent choisir pour remplir des objectifs stratégiques. Selon le rapport, «les organisations peuvent fixer ces objectifs, mais les ressources pour l'entraînement et les recrues elles-mêmes sont toujours plus mobiles et interchangeables. Le rapport indique que des Américains sont également devenus des chantres de «l'extrémisme violent», et cite le cas d'Anwar Al Aulaqi, «devenu une voix influente de l'islamisme radical auprès des extrémistes de langue anglaise». Ce dernier, réfugié au Yémen, a été en contact avec Nidal Hasan, l'auteur de la tuerie de Fort Hood, et avec Umar Farouk Abdulmutallab, le Nigérian auteur de l'attentat raté contre le vol Amsterdam-Detroit. Le rapport relève qu'un autre Américain, Omar Hammami, est devenu un des principaux propagandistes des islamistes somaliens. Le département d'Etat souligne qu'Al Qaïda n'est pas parvenue à mener des attentats qui auraient déstabilisé des gouvernements dans le monde musulman. Mais l'organisation s'est révélée «une menace formidable» au Yémen, où elle s'en est prise aux forces de l'ordre. En Arabie saoudite, elle a mené un attentat raté contre le responsable de la lutte antiterroriste du royaume, le prince Mohammed ben Nayef ben Abdel Aziz, en août 2009, relève le rapport. En dehors du Moyen-Orient, Al Qaïda et ses alliés se sont révélés particulièrement actifs au Sahel où des étrangers ont été enlevés, et en Somalie.