La situation sanitaire est devenue à ce point alarmante dans la wilaya de Bouira, depuis les centaines de cas d'intoxication alimentaire et d'hépatite C enregistrés ces derniers temps, qu'il a suffi que l'eau des robinets «sente» un peu par suite de la baisse du niveau des barrages pour qu'aussitôt une certaine psychose s'empare des abonnés de l'Algérienne des eaux qui en a la gestion. A Bouira, selon nos sources, mais aussi dans les localités de l'est et de l'ouest de la wilaya, l'eau sent mauvais. La réaction des consommateurs ne s'est pas fait attendre : ceux qui ne peuvent s'offrir de l'eau minérale se sont tournés vers d'autres sources d'alimentation, comme les puits et les sources. Cette dernière solution comporte un risque selon nos informateurs qui citent à ce propos l'ADE. Souvent non traitée ni analysée par un labo pour en déterminer les minéraux qui la composant, l'eau des puits et des sources n'est pas sans danger pour la santé publique. Quant à cet étrange goût qu'elle a, elle le tiendrait du fait que cette saison est caractérisée par une très faible pluviométrie ainsi que la proximité de la vase favorisée par la baisse drastique du niveau des barrages et de l'algue qui en tapisse le fond. Combattre cette odeur au moyen du chlore ? Impensable, vu que la dose de ce corps dans l'eau ne peut être dépassée. La solution la plus pratique et la plus simple consiste à relever le niveau à partir duquel s'effectue le pompage dans les barrages et à patienter encore une dizaine de jours pour espérer voir arriver les premières pluies qui feront monter le niveau des barrages. Aux dires de l'ADE citée par nos sources, tous les barrages dans le monde connaissent ce phénomène lié à la saison sèche. Il disparaîtra dès que le volume des barrages augmentera. Il faut noter que la wilaya de Bouira tire l'essentiel de ses ressources en eau potable des deux barrages, celui d'Oued Lakehal, à Aïn Bessam, d'une capacité de 30 millions, et le barrage de Tilzdit, à Bechloul, d'une capacité de 167 millions. Le premier alimente outre la daïra de Aïn Bessam, celles de Sour El Ghozlane et d'El Hachimia. Il permet également une importante dotation qui varie selon l'importance de la pluviométrie enregistrée dans l'année pour l'irrigation des plaines des Aribs où se pratique depuis des années la culture maraîchère. Le second assure l'alimentation en AEP une dizaine de communes de l'est, en plus du chef-lieu de wilaya et l'irrigation de quelque 6000 ha dans la vallée du Sahel. Il est évident qu'avec la mise en service prochaine du deuxième plus grand barrage du pays, en l'occurrence le barrage de Koudiet Asserdoune, d'une capacité de 667 millions m3, le problème de l'AEP sera définitivement réglé. La wilaya dont on connaît la vocation agricole pourra compter sur une dotation en eau capable d'irriguer 22 000 ha, en plus de l'excédent de cette ressource qui ira entre autres aux wilayas de Tizi Ouzou, M'sila et Médéa.