Barack Obama n'a pas tardé à se choisir un nouveau bras droit. Au profil discret, Pete Rouse risque ne pas avoir le temps de déballer ses cartons. Le nouveau Secrétaire général par intérim de la Maison-Blanche est connu comme quelqu'un qui sait résoudre les problèmes. La bonne nouvelle pour lui, a plaisanté Obama, c'est qu'il va avoir un tas de problèmes à résoudre. Par quoi commencera-t-il ? Par renouveler les excuses des Etats-Unis qui, entre 1946 et 1948, ont fait subir à des centaines de Guatémaltèques d'odieuses expérimentations, même si la législation américaine n'autorisait pas de telles expériences sur l'homme ? Pete Rouse laisserait le soin à la patronne du Département d'Etat de se fondre en excuses et de tenter un compromis afin que le gouvernement du Guatemala ne porte pas plainte pour «crimes contre l'humanité». Pete Rouse félicitera-t-il la dauphine du Brésilien Lula, Dilma Rousseff, qui n'aurait pas fait grand-chose pour mériter sa couronne de présidente si elle venait à le devenir dès le premier tour ? Ou reviendra-t-il sur les inquiétudes de Washington à propos de la prochaine visite «déstabilisante» du président Ahmadinejad au Liban ? Ce, après que la République islamique d'Iran et la Syrie aient décidé d'un commun accord de renforcer leurs liens contre l'Etat hébreu, celui-ci ne montrant pas une sincère intention à reprendre les négociations de paix avec le gouvernement de Damas ? Avec toute la discrétion qu'exige son poste, le nouveau Secrétaire général de la White House se donnerait tout le temps d'intervenir sur les grandes questions internationales de l'heure. Mais il lui faut bien quelque chose à se mettre sous la dent s'il veut se débarrasser de son statut d'intérimaire. Surtout que les élections de mi-mandat avancent à pas de géant. Pour lui permettre de frapper un bon coup, Pete Rouse sera-t-il autorisé à placer quelques mots en ce qui concerne la mise en garde que les Etats-Unis devraient lancer officiellement à l'adresse de leurs ressortissants qui se rendent ou séjournent sur le vieux continent ? Plusieurs membres de l'administration US ont déjà fait des déclarations en ce sens, sans que l'information soit confirmée par le Département d'Etat. Mais tout laisse croire que le gouvernement démocrate est en train de réfléchir à la meilleure formule pour demander à ses ressortissants de faire preuve de vigilance, les risques d'attentats terroristes à Londres et dans les grandes villes françaises et allemandes sont sérieux. Surtout qu'en cours de semaine, les services du renseignement US ont découvert l'existence d'un vaste complot terroriste. Il s'agit, probablement, du projet d'attaques le plus sérieux qu'Al Qaïda a eu à planifier depuis des années. Il serait même à un stade avancé. Mais que les alliés se tranquillisent, l'Amérique d'Obama n'est pas prête à leur planter un couteau dans le dos. Les Américains ne vont pas être invités à ne pas se rendre en Europe mais ils vont être plutôt appelés à être prudents. Une dissimilitude de taille, selon le langage diplomatique. En fait, ça ne se fait tout simplement pas entre alliés, d'où les consultations en cours entre les Américains et leurs partenaires européens. Il faut arriver à la plus douce des formulations, au risque de porter atteinte aux intérêts des Vingt-sept en particulier et à ceux du bloc occidental en général. Celle qui précisera que l'Europe n'est pas un continent à hauts risques et qu'il demeure fréquentable, ne serait-ce que parce que bon nombre de pays européens continuent de prendre part à la guerre antiterroriste en Afghanistan. L'opinion publique américaine comprendra d'elle-même que si vulnérabilité il y a sur le vieux continent c'est parce que ses dirigeants se refusent justement à retirer leurs contingents d'Afghanistan. Bref, entre amis, de telles questions se règlent sans alerte maximale. Pete Rouse doit s'y faire dès à présent, l'Europe a déjà assez d'ennuis comme ça au Sahel. A quand le prochain déchainement du Canard enchaîné ?