Etape n Barack Obama a effectué, hier, ses premiers pas à la Maison-Blanche où le Président sortant, George W. Bush, l'a reçu pour des entretiens approfondis, et d'où il prendra la direction des Etats-Unis en janvier prochain dans un contexte extrêmement difficile. M. Obama est resté environ deux heures à la Maison-Blanche, partagé entre des discussions dans le bureau ovale et une visite des lieux dont il prendra possession dans 71 jours dans une période de transition volontiers décrite comme la plus délicate pour le pays depuis Roosevelt en 1933, voire depuis Lincoln en 1861. Mme Obama, venue avec son mari mais sans leurs deux filles, a aussi eu droit, de la part de Laura Bush, à la visite de la maison dont elle prendra possession le 20 janvier prochain. Hier, pour ce qui constitue le grand rituel de passage de la politique américaine, une grande partie de l'attention portait sur la relation entre les anciens et les nouveaux occupants de la Maison-Blanche et sur l'attitude du futur couple présidentiel. Le couple Obama a été accueilli par un couple Bush souriant à sa descente d'une limousine blindée à l'aspect déjà très présidentiel, sous le portique où l'hôte des lieux salue communément les plus hauts dirigeants étrangers. MM. Bush et Obama se sont serré la main tandis que Laura et Michelle, ensemble marron pour l'une, rouge pour l'autre, se faisaient la bise au début d'une visite qui a suscité une excitation qu'on n'a pas vue depuis des mois à la Maison-Blanche. M. Obama, déjà venu à plusieurs reprises à la Maison-Blanche sans jamais entrer dans le bureau ovale, selon ses collaborateurs, a amicalement posé sa main sur le bras, puis le dos de M. Bush. Tandis que M.Obama, qui a trouvé lundi le temps de déposer ses deux filles à l'école à Chicago pour la première fois depuis l'élection, se retirait avec M. Bush, Laura faisait visiter les appartements personnels du couple présidentiel. M. Bush a jugé «bons, constructifs, détendus et amicaux» ses entretiens avec M. Obama, a rappo rté sa porte-parole Dana Perino. «Il a, une nouvelle fois, promis une transition en douceur», a-t-elle dit. La discussion a été «productive et amicale», a dit Stephanie Cutter, porte-parole de l'équipe de M.Obama. Les rancœurs d'une campagne, au cours de laquelle M. Obama s'est servi de l'impopulaire M. Bush comme épouvantail, ont apparemment été mises de côté et l'équipe de M. Obama a salué la «chaleur» de la réception. Mais, à un moment où les Américains attendent de connaître la réponse de leur gouvernement à des défis économiques et politiques considérables, personne n'a fourni la moindre indication sur ce que se sont dit MM. Bush et Obama au cours de leur premier tête-à-tête depuis la victoire sans appel de M. Obama à la présidentielle six jours plus tôt. Quand il deviendra le premier Président noir des Etats-Unis, M. Obama reprendra un pays en proie à la dépression économique et à deux guerres à l'issue incertaine. M. Bush a aussi mis en garde contre le risque que les terroristes ne profitent d'un flottement dans la période de transition pour frapper à nouveau. Il a promis de tout faire pour faciliter la tâche de son successeur. Devant «la gravité de la situation», M. Obama avait dit se rendre au rendez-vous d'hier avec un esprit transgressant les appartenances politiques. Maints différends subsistent sur les moyens de sortir les Etats-Unis d'une récession annoncée, ou sur le retrait des troupes américaines d'Irak par exemple. L'équipe de M. Obama vient de signifier son intention de revenir rapidement sur des décrets relatifs à la recherche embryonnaire et à l'environnement.