Les unités de contrôle des maladies respiratoires (UCTMR) relevant des établissements publics de santé de proximité (EPSP) de la wilaya de Annaba se plaignent ces dernières semaines d'une pénurie du traitement RH. Le médicament en question, qui est destiné aux sujets atteints de tuberculose particulièrement, est une bithérapie (isoniazide et rifampicine) que les malades prennent pour le traitement de soutien, dont la durée est de quatre mois, parfois six. Indisponible au niveau des pharmacies des établissements hospitaliers, pour des raisons d'approvisionnement, semble-t-il, le RH est quasiment introuvable dans les officines publiques et privées de la wilaya. Des parents de malades chroniques affirment que la pénurie est quasi nationale et que ceux qui en ont les moyens se sont vu obliger de les faire venir de France et de Tunisie, au prix fort. Il en serait de même pour les médicaments destinés aux malades atteints de cancer et aux séropositifs, qui sont traités en ambulatoire, et dont les familles rencontrent les pires difficultés à les leur procurer. Et ce ne serait pas les seuls, malheureusement. Un tour à travers les pharmacies de la ville chef-lieu permet de se rendre compte que la pénurie concerne aussi un nombre important de produits pharmaceutiques. Elle toucherait selon certains pharmaciens des antibiotiques autant que des médicaments utilisés pour traiter les maladies graves et chroniques et ceux qui n'ont pas de génériques disponibles sur le marché. La liste étant devenue plutôt longue depuis le début de l'année en cours, affirme ce vieux pharmacien de la vieille ville, on en est à craindre le pire car pareille situation a rarement été vécue. «On nous avait promis que la régulation du marché allait se faire au plus tard après la fin de Ramadhan. Il n'y a toujours rien et nos étalages se vident. Moi je vous le dis, le pire est à venir si des mesures énergiques ne sont pas prises par le ministère de tutelle», regrette notre interlocuteur. Et de déplorer l'absence sur le marché de médicaments courants pour les maladies infantiles, les maladies cardiovasculaires et l'hypertension artérielle. Jusqu'aux pilules contraceptives qui sont devenues introuvables et «qui sont servies sous le comptoir», dénonce le vieux pharmacien. Evoquant la question des génériques, ce dernier reconnaît que les produits génériques made in Algeria, s'ils sont en tous points conformes à ceux qui sont importés, ne sont acceptés qu'avec une pointe de scepticisme. Selon lui, l'exploitation des molécules ne s'applique pas encore chez nous au traitement de toutes les pathologies, bien que la réflexion à ce sujet soit engagée et que nos laboratoires sont capables de fabriquer tout ce qui a pu l'être ailleurs.