Pour commémorer le 30e anniversaire du séisme d'El Asnam, survenu le 10 octobre 1980, et en prévision de la Journée internationale sur la prévention des catastrophes naturelles, le Centre de recherches en astronomie, astrophysique et géophysique (Craag) anime depuis hier un colloque au palais de la culture Moufdi Zakaria de Kouba. Ayant causé la mort de 2633 personnes, le séisme de la ville d'El Asnam, rebaptisée plus tard Chlef, a été une catastrophe qui a marqué les esprits. Le coût des dégâts a été estimé à plus de deux milliards de dollars. Selon le directeur du Craag, Abdelkrim Yelles-Chaouche, «ce triste évènement a été le point de départ pour que l'Algérie entame des recherches dans le domaine de la sismologie pour comprendre ce qui s'est passé et dans une deuxième phase déduire les informations pour la compréhension de la sismicité du nord de l'Algérie». Grâce aux études entamées, il s'avère que les questions posées à l'époque ont trouvé des réponses au fil des années. Ainsi, les séismes qui surviennent dans le nord du territoire algérien sont provoqués par «le phénomène continu entretenu par le rapprochement des deux plaques africaine et eurasiatique avec un taux de convergence d'environ 5 millimètres par an». Trois principales failles sismiques Pour comprendre l'avènement des séismes quotidiens qui sont enregistrés dans la partie nord du territoire national, le plus souvent à des degrés qui ne sont pas ressentis par les populations, il faut savoir que «la sismicité est générée par de nombreuses failles actives situées dans les régions atlasiques telles que les failles de la région marine (Boumerdès), celles dans la région tellienne (Chleff, Mitidja), ainsi que les failles de l'Atlas saharien». Connaître les zones à forte sismicité permet aux pouvoirs publics ou aux opérateurs privés de même qu'aux particuliers de ne pas construire sur un terrain au potentiel «sismique». De même, la réalisation des routes, comme l'autoroute Est-Ouest, doit être schématisée sur des sites ou des bandes éloignés des zones de tremblement, et encore mieux, loin des épicentres susceptibles. La prévention contre les risques majeurs est dans ce contexte très utile car elle interpelle l'ensemble des autorités sur le danger des zones cataloguées comme sismiques. Outre les drames humains, qui rendent des familles inconsolables, les séismes représentent aussi un coup dur pour l'économie, entre autres le Trésor public. Des chercheurs et des experts de divers horizons Les conséquences des tremblements sont très coûteuses. L'établissement des think thank des risques majeurs engage les investisseurs publics ou privés à occuper d'autres territoires au taux de sismicité faible, comme la bande du sud qui s'étend de Biskra à Béchar. Par ailleurs, le Craag célèbre également son trentième anniversaire et le centenaire de la station de Bouzaréah, qui a été implantée en 1910. Enfin, au Palais de la culture, où se tient le Colloque international (qui se clôture aujourd'hui), d'éminents chercheurs, experts et spécialistes des risques majeurs et des séismes ont été invités pour intervenir. Des invités de marque sont présents, comme le professeur turc A. Ansal et le professer algérien M. Belazoughi de l'université portugaises Evora. Les représentants du Craag, professeurs et chercheurs, ainsi que des experts venus des diverses universités algériennes exposeront leurs recherches. Des centaines de convives assistent aux interventions avec intérêt. Le risque est grand dans une Algérie qui n'applique pas entièrement les lois parasismiques. Les expertes en risques majeurs sont formels : «Ce ne sont pas les séismes qui tuent, ce sont les constructions.»