Y a-t-il deux justices dans notre pays ? C'est la question que posent Bouchouta Farès et sa famille. Le jeune homme a été inculpé par le tribunal d'Oum El Bouaghi lundi dernier. Il a écopé de deux ans de prison ferme assortis d'une amende de 100 000 DA pour ne pas avoir jeûné durant le Ramadhan passé. Après avoir alerté la ligue des droits de l'homme et l'opinion publique, la famille de l'accusé a décidé de faire appel puisque des non-jeûneurs avaient été relaxés par d'autres tribunaux en Algérie, notamment ceux de Aïn El Hammam. Pour rappel, ce jeune habitant de la localité de Aïn Beida, âgé de 27 ans, aurait «choqué» par son comportement ses voisins qui avaient déposé plainte. Il n'était pas seul lorsque la police a fait une descente dans le lieu indiqué. Malheureusement pour lui, ses amis non jeûneurs ont pu prendre la fuite et le jeune Farès est resté dans son coin. «Certes, son comportement est inadmissible mais pas au point de l'emprisonner», affirme-t-on dans son entourage. Pour sa part, maître Belaïd, avocat de la défense, a tenté sans succès dans sa plaidoirie de convaincre le tribunal de l'inexistence de loi qui condamne les récalcitrants et qu'il relève de la liberté individuelle de ne pas pratiquer tel ou tel précepte et il n'y a aucun article (de loi) qui prévoit des poursuites dans le cas de non-respect du jeûne durant le Ramadhan ou dans le cas de non-respect de la prière ou de la zakat. L'affaire est loin de trouver son épilogue et cette condamnation a ouvert un débat sur la liberté de culte en Algérie pourtant garantie depuis la loi de 2006, surtout qu'un autre procès est prévu le 8 novembre dans la région d'Akbou contre neuf musulmans non jeûneurs. Aucun commentaire n'a été fait jusqu'à présent par les officiels.