Mohamed Gahche, député représentant la communauté algérienne établie en Amérique, Océanie et Asie expose dans cet entretien l'évolution de la prise en charge des doléances exprimées par ses membres. Il donne sa vision des autres préoccupations qu'il compte exposer devant les responsables du pays ainsi que les solutions envisagées. La communauté algérienne établie à l'étranger peut-elle vraiment compter sur le département ministériel dirigé par M. Benatallah ? C'est un acquis très important pour les Algériens résidant à l'étranger. Je salue cette décision prise par le chef de l'Etat qui a séparé la gestion des affaires de la communauté nationale à l'étranger de la solidarité et de la famille et l'a confiée à un seul responsable en la personne de Halim Benatallah. C'est la meilleure manière de bien gérer ce secteur. Ça permet de bien se consacrer à cette frange de la société qui représente 10% de la population globale et de répondre au mieux à ses préoccupations multiples. Je trouve également que la séparation du secteur du tourisme de l'environnement est une décision très importante vu que le tourisme représente l'après-pétrole et constitue une source de richesse inestimable à condition de savoir la gérer et lui donner les conditions nécessaires pour son développement. Il est temps pour nous d'exploiter au mieux cette richesse et de l'adapter aux normes internationales établies en la matière. L'autre changement que je propose de faire est de séparer la recherche scientifique du secteur de l'enseignement supérieur. Car la recherche concerne tous les domaines scientifique, technique, humain, économique et bien d'autres secteurs qui méritent l'investigation et exigent des réponses à des problèmes réels et vécus. C'est un domaine qui n'a pas de relation uniquement avec l'enseignement supérieur mais a une relation directe avec tous les secteurs d'activité représentés dans divers départements ministériels. Quelles sont justement les préoccupations de la communauté que vous représentez ? Au cours des années précédentes, j'ai plaidé plusieurs questions dont deux très importantes, à savoir les facilitations pour le rapatriement des dépouilles des Algériens et la création de succursales bancaires dans les pays à forte présence d'Algériens. Des solutions ont été apportées par le gouvernement pour le premier point grâce à l'instauration d'une cotisation de 2500 DA, soit 30 dollars, que les Algériens résidant à l'étranger payent annuellement auprès de la SAA pour couvrir les frais de rapatriement du corps du défunt et son accompagnateur. Mais il subsiste certains problèmes qui font que le payement de cette cotisation ne se fait pas régulièrement. Les Algériens ne se déplacent pas tout le temps au pays pour verser systématiquement cette somme. Lorsqu'ils sont là, ils oublient de le faire ou ne trouvent pas une agence proche de leur localité de résidence pour la payer. Pour cela, je compte suivre soigneusement ce dossier vu les nombreuses requêtes que j'ai reçues de la part des Algériens et surtout la complexité des démarches à suivre pour effectuer cette opération. Je propose ainsi de permettre aux Algériens de payer cette cotisation auprès des consulats ou des ambassades auprès de l'attaché économique ou financier ou à travers l'ouverture d'un bureau spécifique qui s'occupe de rappeler aux Algériens leur devoir de payer et de s'occuper de toute l'opération. Cela permet de garantir un transfert certain de la dépouille mais également permet à l'Algérie d'avoir des rentrées supplémentaires en devises vu que la majorité des Algériens vont effectuer le payement en monnaie étrangère. Qu'en est-il des succursales bancaires ? Le problème n'a pas été encore réglé. La question nécessite un peu plus de temps même si elle est très importante. L'ouverture de ces succursales va faciliter beaucoup de choses aux membres de la communauté vu qu'ils pourront transférer leur argent dans la transparence totale, dans la mesure où le monde entier interdit le transfert de fonds en liquide. Cela permet aux Algériens d'épargner de l'argent, de contribuer à l'investissement local. On veut avoir ces succursales le plus vite possible. Qu'y a-t-il d'autres à régler en urgence ? J'ai soulevé le problème de la cherté des billets d'avion au pavillon national. A travers une tournée que j'ai effectuée au niveau des ports et aéroports d'Algérie dans le cadre d'une commission parlementaire pour s'enquérir des conditions d'accueil des membres de la communauté, j'ai pu relever un certain nombre de remarques dont les prix exorbitants qui font fuir les Algériens de façon générale de la compagnie. J'ai remarqué qu'Air Algérie sert des repas dans tous les voyages vers toutes les destinations. Cela se fait parfois difficilement, notamment pendant les mauvaises conditions climatiques. J'ai proposé de supprimer les repas pour les vols vers le sud de l'Europe et dans la région du Maghreb, en d'autres termes supprimer les repas pour les vols dont la durée est inférieur à 1h30. C'est une mesure qui permet d'économiser de l'argent, de récupérer de la clientèle à travers la réduction des prix vers toutes les destinations assurées par le pavillon national. J'ai également demandé à ce qu'on prenne en considération le décalage horaire dans la diffusion des programmes télévisés destinés à la communauté nationale résidant en Amérique et au Canada où le décalage se situe entre 5 et 6 heures. Beaucoup d'Algériens se sont plaints de ne pas pouvoir suivre les programmes de la télévision en raison de ce décalage. La rediffusion des programmes en fonction des horaires est vivement recommandée pour maintenir un lien avec ces Algériens. Ceci s'ajoute à la nécessité de diffuser des programmes nationaux avec la langue nationale pour permettre aux enfants d'apprendre leur culture. Le problème du service militaire pour les jeunes reste encore posé. J'ai demandé à ce que la commission militaire fasse un déplacement annuel vers le Canada et les Etats-Unis pour régulariser la situation des jeunes Algériens et accélérer les démarches administratives comme cela se fait souvent en Europe. J'envisage d'exposer le souci des employés contractuels au niveau des ambassades et consulats généraux d'Algérie aux USA et au Canada qui n'ont pas droit à la retraite en raison de l'absence de mécanisme de payement de cotisation pour la couverture sociale. Je propose d'initier ce mécanisme et de sauver la situation de personnes qui sont proches de cette retraite. Vous avez proposé des modifications en faveur de la communauté résidant à l'étranger lors des débats de la LF 2011. De quoi s'agit-il ? Mon intervention dans le cadre des débats sur la loi de finances 2011 a concerné le problème du déménagement définitif. Le montant accordé aux gens qui souhaitent revenir au pays est de l'ordre de 200 millions de centimes. Cette somme est restée inchangée depuis plusieurs années. L'impact de l'inflation et des avancées technologiques dans le monde fait que ce seuil est largement dépassé. Pour cela, j'ai proposé à ce qu'elle soit revue à 1 milliard de centimes. C'est, en tout cas, l'une des mesures qu'il faut prendre pour inciter les membres de la communauté à revenir en Algérie. J'ai félicité la mesure prise dans la LFC 2010 de ramener des chaînes de production rénovée qu'on utilisera pour la production nationale et j'ai posé une question sur le matériel que les membres de la communauté peuvent ramener dans le cadre de cette mesure. J'ai également proposé de revoir la politique de crédit proposé par les banques publiques aux nationaux et aux émigrés ainsi qu'aux étudiants qui souhaitent continuer leurs études ailleurs. Des formules très attractives sont proposées par des banques étrangères ici même en Algérie au profit des membres installés à l'étranger. Il est important de faire de même pour favoriser l'investissement et le développement de façon générale.