Pour un sérieux désagrément, s'en est vraiment un. Il s'agit de cette action de protestation des citoyens de Boudouaou qui ont procédé lundi après-midi à la fermeture de la RN12, principal axe de communication entre la capitale, Boumerdès, Tizi Ouzou et Bouira. Notons que cette action de colère des citoyens de Boudouaou est intervenue la veille de l'Aïd, et le fait que ces derniers aient opté pour le blocage de la voie, cela a empêché des centaines d'autres, en particulier ceux travaillant à Alger, de rejoindre leur famille en Kabylie, de Bouira à Béjaïa, en passant par Tizi Ouzou. A vrai dire, toutes les personnes qui étaient de passage par cet axe routier national en vue de rejoindre l'est du pays ont été confrontées au même blocage. Du coup, la fête de l'Aïd est gâchée, notamment pour ces centaines de familles qui se sont entassées durant tout l'après-midi de lundi au niveau de la gare routière du Caroubier (Alger) et qui ont dû patienter des heures durant dans l'attente d'un autocar devant les transporter vers les wilayas de l'est. Lequel moyen de transport n'arrivait jamais pour la simple et bonne raison que la route était coupée pendant tout l'après-midi. Las d'attendre, ces centaines de citoyens, qui se sont entre temps enquis de la raison de ce blocage et sur l'absence au quai de la gare routière d'Alger de bus à destination de Tizi Ouzou, Béjaïa et Bouira, ont tout simplement rebroussé chemin, contraints qu'ils étaient à passer le premier jour de l'Aïd loin de l'ambiance familiale. Certains parmi ces citoyens ne voulaient pas s'incliner devant ce fait accompli ! Ces derniers se sont donc mis à la recherche d'un taxi et même d'un clandestin devant les conduire chez eux à un prix exorbitant. Mais cette solution de rechange s'est vite avérée caduque. Preuve en est, la totalité de automobilistes qui ont emprunté l'axe Alger-Boudouaou pour rentrer chez eux dans l'après-midi de lundi n'ont pu arriver à destination qu'à des heures indues. La voie de circulation qui était bloquée dès les premières heures de l'après-midi n'a pu en effet être dégagée progressivement qu'à partir de 19h30, heure durant laquelle les forces antiémeutes relevant notamment de la corporation de la gendarmerie sont intervenues pour disperser les manifestants. A noter que la circulation a été bloquée dans les deux sens. Des files de voitures s'étalaient sur des kilomètres (plus de 40 km), jusqu'au centre d'Alger, notamment à la sortie est. Certains automobilistes témoignent n'avoir jamais vécu une telle situation dans le passé, contraints d'attendre plus de 8 heures pour pouvoir rependre la route. Mais que s'est-il passé au juste à Boudouaou ? Lundi dernier, le tribunal de Boudouaou, relevant de la wilaya de Boumerdès, a condamné à un an de prison ferme cinq des 28 émeutiers arrêtés suite aux manifestations du 17 octobre. Le même tribunal a condamné douze autres à six mois de prison ferme et relaxé onze - dont huit mineurs - impliqués dans ces émeutes. L'annonce du verdict a été suivie, indique-t-on, de manifestations d'abord dans les rues de Boudouaou qui se sont traduites par la suite par la fermeture de la RN12. Les manifestants descendus dans la rue ont certes réagi par rapport au verdict prononcé par le tribunal cité plus haut, tout comme ces derniers ont saisi l'opportunité pour attirer une nouvelle fois l'attention des autorités au sujet de leurs conditions de vie déplorables. L'intervention des forces antiémeutes de la gendarmerie pour disperser les manifestants ne s'est pas déroulée en douceur. Nous apprenons que des échauffourées ont éclaté entre les manifestants et les agents de l'ordre. Plusieurs blessés ont été dénombrés, rapportent d'autres sources concordantes qui font état en outre de véhicules incendiés. Des manifestations qui ont malheureusement gâché la fête de l'Aïd à des milliers de citoyens algériens, dont la majorité était contraintes de risquer leur vie en empruntant la route très tard dans la soirée. Quelle responsabilité ont-ils pour subir une telle pénible journée ?