Des têtes sont tombées en Tunisie après les émeutes et les troubles sociaux dans la région de Sidi Bouzid. En effet, le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali a procédé hier à un remaniement ministériel marqué par le remplacement du ministre de la Communication, Oussama Romdhani. Ce dernier a été remplacé par Samir Abidi, ministre de la Jeunesse et du Sport dont le poste a été confié à Abdelhamid Slama. Dans le cadre de ce remaniement, Kamel Omrane a été nommé ministre des Affaires religieuses, en remplacement de Boubaker El Akhzouri et Slimane Wrak a été nommé secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères chargé des affaires européennes. Ben Ali a accédé au vœu de l'opposition, notamment du Parti démocratique progressiste (PDP, opposition légale), qui a réclamé des changements au niveau de l'exécutif et le départ des ministres qui ont failli dans la gestion de ces troubles. Le Président tunisien veut calmer les esprits et les ardeurs des jeunes qui comptent aller «très loin pour défendre» leurs droits. Les jeunes Tunisiens sont révoltés par la situation sociale de leur pays et épuisés par leur difficulté à vivre dans un pays où les débouchés professionnels se font rares. Malgré l'appel au calme lancé par le président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali, et les derniers changements opérés au niveau du gouvernement, l'atmosphère reste tendue dans les villes tunisiennes en proie à de vives tensions. En effet, les Tunisiens sont de plus en plus nombreux à descendre dans la rue pour manifester leur désarroi face au chômage qui les touche de plein fouet. Le mouvement qui a gagné la capitale, Tunis, a été réprimé par la police. Des témoins oculaires ont affirmé hier que des personnes ont été arrêtées dans différents quartiers de la capitale. Des commerces ont été saccagés. Le président dénonce une instrumentalisation Le président Zine El Abidine Ben Ali a regretté mardi soir les évènements de Sidi Bouzid (centre-ouest) et a dénoncé une «instrumentalisation politique de certaines parties». Dans son discours, M. Ben Ali a dénoncé «l'ampleur exagérée qu'ont pris ces événements à cause de leur instrumentalisation politique par certaines parties qui ne veulent pas le bien de leur patrie et recourent à certaines chaînes de télévision étrangères qui diffusent des allégations mensongères sans vérification et se fondent sur la dramatisation (...) et la diffamation médiatique hostile à la Tunisie». Des journalistes interpellés Le correspondant de Radio Kalima à Jendouba, Mouldi Zouabi, a été arrêté hier devant le palais de justice de Jenouba (150 km à l'ouest de Tunis). Sihem Bensedrine, directrice de Radio Kalima, a déclaré à Reporters sans frontières : «Mouldi a pu m'appeler quand il était au commissariat. Il criait ‘'Ils m'ont frappé, ils m'ont arraché mes lunettes.'' Et depuis, plus rien.» Ammar Amroussia, correspondant au journal El-Badil, a, quant à lui, été violemment arrêté à Gafsa (400 km au sud de la capitale) par des policiers en civil, hier, alors qu'il s'occupait de la boutique de Afef Bennaceur, femme du journaliste Fahem Boukadous, incarcéré depuis le 15 juillet dernier. La veille, il avait pris la parole au cours d'un rassemblement. Ammar Amroussia, militant politique, a perdu son travail d'instituteur en 1997. Il collabore au journal interdit El-Badil (Alternative) proche du Parti communiste des ouvriers de Tunisie (illégal).