La vague de protestation violente qu'ont vécue plusieurs villes du pays depuis jeudi dernier est synonyme d'un profond malaise, estime le sociologue Mohammed Saïb Musette, chercheur au Centre de recherche en économie appliquée et développement (Cread). «La vague d'émeutes qui a secoué plusieurs régions du pays est synonyme d'un malaise social que ressent encore profondément la catégorie de la jeunesse», a-t-il dit, soulignant que «la hausse des prix de l'huile et du sucre n'était qu'un alibi ayant poussé des milliers de jeunes à sortir dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol». La violence et les actes de saccage et de pillage qui ont caractérisé les manifestations dénotent, a-t-il ajouté, «l'absence de canaux intermédiaires pour canaliser l'énergie d'une jeunesse surexcitée». Pour le sociologue contacté hier par nos soins, la situation «demeure critique» et elle interpelle la société dans son ensemble, à commencer par le gouvernement, les différentes institutions de l'Etat, les formations politiques ainsi que le mouvement associatif. «Il est urgent, a-t-il conseillé, de se concentrer à travers une coordination des efforts de tout un chacun à même d'offrir à la frange de la jeunesse une perspective pérenne susceptible de la rassurer au sujet de leur avenir». «Ce n'est pas normal que dans un pays doté d'une importante aisance financière comme le nôtre, il y ait autant de contestation qui, en un laps de temps, se propage tel un feu de paille et se généralise à travers le pays», explique notre interlocuteur, qui a qualifié les mesures du gouvernement, de revoir à la baisse les prix de l'huile et du sucre pour contenir cette vague de violence, de «solution provisoire». «Ces mesures ne constituent pas hélas une réponse appropriée aux attentes de la jeunesse», a relevé Mohammed Saïb, qui s'interroge sur l'efficacité des mécanismes mis en place dans le sillage de l'application de la politique nationale de la jeunesse recommandée pourtant par le président Bouteflika. «Par défaut de coordination des efforts, on ne dispose pas hélas d'une vue d'ensemble au sujet de cette politique», tient-il à dire, laissant entendre que la politique nationale de la jeunesse demeure encore sans effets en matière de résolution de multiples problèmes d'ordre social auxquels elle est confrontée. Plaidoyer pour une conférence nationale de la jeunesse «Si un changement devrait se faire en Algérie, celui-ci ne pourrait émaner que des jeunes», a affirmé Mohammed Saïb. C'est là une manière de mettre en valeur l'importance de satisfaire les attentes et les revendications des jeunes Algériens en termes d'amélioration de leur vécu social. Pour se faire, il préconise la nécessite de la tenue d'une conférence nationale sur la jeunesse, initiative qui devrait, selon lui, être sanctionnée par une série de mesures susceptibles de rendre espoir à des milliers de jeunes Algériens.