Conséquence n La discrimination pratiquée à différents niveaux est toujours un obstacle pour le développement des communautés composant une société. La discrimination existe même au sein de la famille. Un enfant de couleur blanche est souvent mieux traité qu'un enfant basané ou de couleur noire. «Les relations affectives sont différentes dans la mesure où l'image de la famille se présenterait, peut-être, mal si on présentait des enfants à la peau noire. C'est dans les traditions médiévales qui se poursuivent jusqu'à présent et s'entretiennent dans le langage et le discours de la société», explique Mohamed Saïb Musette, maître de recherche au Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread). Le terme «kahlouche», à titre d'exemple, demeure bien tenace dans notre langage courant et est un élément ambiant de notre culture. C'est un qualificatif qui révèle «une forme d'infériorisation de l'autre, de mépris et d'insulte», indique-t-il. Sur le plan politique, il est vrai que les représentants des différentes régions du pays ne sont pas sélectionnés sur la base de la couleur de la peau, mais surtout sur la représentativité de chacun d'eux dans leurs tribus respectives. Et le fait que les gens du sud soient moins perceptibles à la fois sur la scène politique, économique que culturelle, serait davantage lié à cette marginalisation imposée par rapport à la frange du nord qui a connu, plus ou moins, un meilleur essor. Néanmoins, «la création d'établissements universitaires au sud a fait qu'on assiste, ces derniers temps, à l'émergence de certaines compétences même si la majorité est restée dans les travaux d'exécution, dont l'artisanat notamment», affirme M. Musette. Ainsi, même si les richesses naturelles ne manquent pas à cette vaste et grande partie du pays qui recèle de grandes potentialités touristiques, économiques, d'attractivité et de compétences, le chemin s'avère long pour que ses populations émergent et s'intègrent dans la mouvance des populations du nord. Alors que les conditions de vie demeurent précaires, les médias lourds ne lésinent pas sur les moyens pour mettre en avant, à différentes occasions, la diversité de la culture algérienne, notamment notre folklore du sud. Autre fait soulevé par notre sociologue et chercheur, cette discrimination de type anthropologique qui subsiste dans le sud du pays et qui, selon lui, a largement contribué à léser les personnes de couleur noire de cette région. «Il existe une discrimination entre les différentes couches qui constituent la hiérarchie sociale du sud algérien. Les personnes issues de la hiérarchie noble, étant aisées financièrement, ont pu suivre leurs études supérieures au nord du pays et accéder à des hauts postes de responsabilité, contrairement aux autres.» La société algérienne n'est pas profondément discriminante sur la couleur de la peau, estime notre interlocuteur, «c'est le langage utilisé qui est discriminatoire». Il n'y a pas eu, selon lui, volontairement une discrimination sur la couleur de la peau. «Ce n'est pas la sociologie de la discrimination profonde qu'on retrouve dans d'autres pays, puisque même certaines régions du nord du pays ont subi, d'une manière ou d'une autre, une discrimination», conclut-il.