Des stagiaires algériens, en formation en Tunisie, ont accepté de témoigner sur leur séjour furtif dans une ville côtière, touchée par les émeutes comme les autres régions du pays. Jeudi 13 janvier dernier, une quainzaine de stagiaires se dirigent vers les frontières tunisiennes. En cours de route, l'ambiance de révolte qui règne en Tunisie s'offre déjà à leurs yeux. «Un monoprix est saccagé par des pilleurs qui l'ont dévalisé, prenant sur leur passage, télévisions, micro-ordinateurs et même des fardeaux d'eau minérale. Je vous laisse deviner les connotations liées à ce genre de comportement», raconte l'un des stagiaires. Un grand hôtel nommé Dar Smaïl, dans la même région, a subi le même sort, d'après D.L., un autre stagiaire qui précise que l'hôtel en question appartiendrait, selon des tunisiens, à l'épouse de Ben Ali et à sa famille, les Trabelsi». «Notre taxieur nous explique que les émeutiers n'ont pas touché les biens du peuple, mais seulement ceux appartenant au président et à la famille de son épouse», raconte-t-il. Il poursuit : «Il est environ 17 h et l'hôtel baignait dans le calme en ce jour ensoleillé. Après une nuit paisible, soit le vendredi 14 janvier, les stagiaires entament leurs cours à 8 h 30. La séance qui devait s'achever à 20 h est interrompue à 16h30, au moment où le groupe reçoit un appel de son responsable, lui annonçant la nouvelle de la fuite du président tunisien Ben Ali, et lui recommandant d'interrompre le stage et de quitter le territoire tunisien le plus tôt possible, et ce, par mesure de sécurité. «Mais le couvre-feu s'étalant de 18 h à 6 h annoncé au même moment nous a contraints à attendre le jour suivant pour rentrer dans notre pays», explique le stagiaire. «Ce n'est que tôt le lendemain à 7 h que nous avons pris la route vers Annaba pour rentrer sur Alger par avion». Au niveau du poste frontalier de Oum Tboul, le contrôle du passeport s'est fait en 20 minutes à peine. «Les policiers des frontières algéro-tunisiennes, exceptionnellement nombreux, paraissaient anxieux et stressés». Les frontières algéro-tunisiennes inhabituellement vides Les bureaux des frontières étaient vides de touristes, comme d'ailleurs l'hôtel où les stagiaires résidaient, selon notre témoin. Quelques dizaines de personnes, dont un couple algérien et un groupe de sept français membres d'une association de chasseurs de sangliers, s'y trouvaient également. Au moment de l'annonce du départ de Ben Ali, le couple algérien est rentré le lendemain avec le groupe de stagiaires qui ont préféré faire la route, évitant le chemin menant à l'aéroport, d'autant que la plupart des vols sont annulés ces jours-ci. Une situation qui ne fait qu'accentuer l'appréhension des Tunisiens quant à leur avenir. «D'après leurs témoignages, ceux-ci sont tristes, non pas à cause du départ précipité de leur président, qui les a au contraire réjouis, mais pour le devenir de leur pays», raconte notre témoin. Quant aux touristes français, ils n'avaient d'autre choix que de rester sur les lieux, le chemin vers l'aéroport étant dangereux.