Le renouvellement de l'accord de pêche entre l'Union européenne et le Maroc, incluant l'espace maritime du Sahara occidental, prévu en mars prochain, pourrait ne pas aboutir et fait face à un risque, relève la presse internationale. Le renouvellement de l'accord pour quatre ans risque d'être «bloqué» du fait que Rabat n'a pas encore fourni les informations demandées par l'UE sur «les effets positifs» que doit procurer cet accord sur le bien-être des populations locales, notamment sahraouies, expliquait l'agence italienne ANSA, citée par l'agence sahraouie SPS. En effet, les engagements contenus dans l'accord entre les deux parties devraient «produire des avantages pour les populations locales et, par conséquent, pour les Sahraouis, installées sur les côtes de l'ancienne colonie espagnole», ajoute l'agence italienne. Le Maroc doit au plus tard, avant le 27 février prochain, apporter les précisions nécessaires et les informations «suffisantes», à ce sujet, faute de quoi l'accord risque de ne pas être renouvelé, ce qui conduira au «blocage des 119 licences délivrées aux navires européens (principalement espagnols et italiens) les autorisant à exploiter les ressources halieutiques dans la région. «Pour sortir de l'impasse, la commissaire européenne chargée de la Pêche, Maria Damanaki, a proposé deux options : exclure du nouveau protocole les eaux du Sahara occidental ou poursuivre l'exploitation à travers un accord transitoire avec Rabat», explique la même source. Damanaki a également émis l'idée d'inclure une clause dans le prochain accord sur le respect des droits de l'homme et des principes démocratiques, ce qui serait une nouveauté dans les accords de pêche que signe l'UE avec ses partenaires. L'accord entre l'UE et le Maroc, «le plus important des accords signés entre Bruxelles et les pays partenaires, prévoit l'octroi de licences (de pêche) en échange d'un financement à hauteur de 36,1 millions d'euros, dont une partie est destinée à améliorer les conditions de vie» des populations vivant sur les façades maritimes concernées. Plusieurs fois, l'an dernier, la Commission européenne avait demandé au Maroc de lui fournir une étude sur l'impact socio-économique de l'accord de pêche sur les populations du Sahara occidental, mais ces appels sont restés sans suite. Un récent rapport du Parlement européen relevait que l'accord de pêche en question ne respectait pas le droit international, précisément parce que les Sahraouis sont exclus des avantages qu'il procure, rappelle-t-on. D'autre part, le droit international exclut les territoires non autonomes, dont le Sahara occidental, sériés par les Nations unies, dans les accords économiques entre partenaires. Par ailleurs, il y a lieu de rappeler que le gouvernement de la République arabe sahraouie et le Front Polisario avaient dénoncé dernièrement les manœuvres de l'occupant marocain qui se livre à une vaste entreprise de pillage et d'accaparement effrénés des ressources naturelles du Sahara occidental. Les autorités du Sahara ont lancé un appel pressant à l'Union européenne pour exclure les eaux territoriales de leur pays de tout accord avec le Maroc conformément aux dispositions des conventions et normes internationales. Les autorités marocaines tentent de se dérober et de cacher la vérité à l'aide de faux rapports établis par les différents départements ministériels dans les territoires occupés. C'est ainsi que le ministre marocain de la Pêche avait instruit, lors de sa visite surprise à Agadir au sud du Maroc, les représentants de son département dans les territoires occupés de lui établir des rapports sur les deux ans écoulés dans lesquels ils doivent mentionner que les dividendes de l'accord de pêche avec l'Union européenne bénéficient à la population du territoire. En contrepartie, il leur a demandé d'ouvrir des comptes bancaires pour leur verser de l'argent. Pour sa part, l'ONU avait, en 2002, par le biais de son sous-secrétaire général, affirmé de manière sans équivoque que le Maroc ne peut pas se prévaloir de statut de puissance administrante du Sahara occidental et a qualifié de «violation des lois internationales» toute exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental sans le consentement du peuple sahraoui.