L'avenue Lahbib Bourguiba, à Tunis, à l'instar d'autres villes du pays, dont Kerouane, Sidi Bouzid et El Hamma, ont connu, jeudi dernier, des marches pacifiques revendiquant le départ du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), ex-parti au pouvoir. A l'avenue Lahbib Bourguiba, à Tunis, des centaines de Tunisiennes et de Tunisiens, peut-être des milliers, ont manifesté et marché, exigeant la dissolution du RCD. «Le peuple veut la chute du gouvernement», scandaient les manifestants. Ils reprochent au gouvernement de transition, qui a tenu avant-hier sa première réunion, d'avoir inclus des ministres issus de l'ex-parti au pouvoir. «Non au Rassemblement (RCD)», et «La révolution se poursuit jusqu'à la tenue d'élections libres», lit-on sur des pancartes portées par des manifestants. Les Tunisiennes et Tunisiens optent pour une nouvelle forme de manifestation. Un homme prononce un discours, il est applaudi, puis les contestataires marchent, de l'avenue Lahbib Bourguiba jusqu'à l'avenue Mohammed V, avant de rebrousser chemin pour marcher dans l'autre sens. Les policiers déployés n'étaient pas intervenus. Un officier supérieur de la police avait, il y a quelques jours, ordonné à ses éléments de ne pas user de la force contre les manifestants. Les militaires déployés n'intervenaient pas non plus. Des Tunisiens prenaient leur café sur les terrasses des cafés se trouvant sur l'avenue. D'autres vaquaient à leurs occupations. Tout était pacifique au cours de cette manifestation vers laquelle de nombreuses personnes continuaient à affluer. «C'est ça la démocratie, des gens manifestent, d'autres prennent un café», nous dira un manifestant. La vie a repris ses droits en Tunisie, et la marche, pacifique, est encadrée par des policiers qui, parfois, souriaient aux contestataires. Au bout de l'avenue Lahbib Bourguiba, à quelques mètres de la place du 7 Novembre, un char de l'armée tunisienne est orné de roses qui y ont été déposées la veille par des Tunisiens. Des Tunisiens prenaient des photos devant ce char et devant les militaires. Des scènes de convivialité entre manifestants, policiers et militaires. Un premier cordon est établi par des policiers. Les manifestants le traversent sans que les policiers ne recourent à la violence. Un autre cordon est établi par les militaires non loin de la place du 7 Novembre, devant le char. Il est traversé, lui également, par les manifestants, et les militaires, comme les policiers, ne recourent pas à la violence. Un autre cordon de la police est établi, quelques mètres plus loin. Les manifestants qui voulaient se rendre au siège central du RCD rebroussent chemin. Au retour, ils acclament et applaudissent les militaires, en scandant «armée héroïne». «Ben Ali en Arabie saoudite, le gouvernement est resté le même» Les contestataires reviennent à la charge, reprenant la marche, scandant des slogans. A l'avenue Lahbib Bourguiba, un homme parmi les manifestants avait pris la parole, non loin du siège du ministère de l'Intérieur, et lançant que «la volonté du peuple n'est pas encore respectée», autrement dit la revendication d'écarter le RCD du pouvoir n'a pas encore été faite. «Pain et eau, le Rassemblement non», scandaient des manifestants. Les manifestants signifient par ce slogan qu'ils acceptent de se nourrir de pain et d'eau seulement, mais tiennent à ce que le RCD soit écarté du pouvoir. «Que tombe le tortionnaire du peuple, que tombe le Rassemblement», scandent les manifestants. «Ben Ali en Arabie saoudite, le gouvernement est resté le même», scandent, encore, les manifestants. «Tunisie libre, le Rassemblement dehors», est un autre slogan scandé par les manifestants. «Que tombe le gouvernement» et «Vive le peuple tunisien» sont d'autres slogans scandés par les manifestants. Tirs de sommation devant le siège central du RCD Les marches ont continué, des heures durant, avant que les manifestants ne parviennent, en début d'après-midi, au siège central du RCD. Les militaires se trouvant à l'intérieur de la bâtisse pour éviter tout incident empêchent les contestataires d'entrer. Les manifestants enlèvent l'enseigne sur laquelle est mentionnée «Rassemblement constitutionnel démocratique». Les militaires tirent des coups de sommation en l'air pour tenter de faire rebrousser chemin aux contestataires. Les Tunisiennes et Tunisiens participant à cette manifestation rebroussent chemin, sans pour autant abandonner la marche qui s'est poursuivie jusqu'à une heure proche de celle du couvre-feu. Les manifestants comptaient, parmi eux, de nombreux jeunes, filles et garçons, des personnes âgées, des fillettes et des personnes de différents âges. Ce qui représente le peuple tunisien, selon un manifestant, revendiquant, tous, le départ du RCD du pouvoir, en Tunisie, et à une Tunisie meilleure et prospère.