Islamistes, communistes et autres représentants de l'opposition tunisienne ont participé, hier, à une manifestation pacifique à l'avenue Lahbib Bourguiba, à Tunis, encadrée par des éléments des unités d'intervention de la police, qui ne sont pas intervenus pour disperser les manifestants. Une scène qui renseigne sur la démocratie qui se renforce en Tunisie, quand des manifestants expriment côte à côte leurs revendications, malgré la différence des tendances politiques, et des policiers qui n'ont pas usé de la violence pour les disperser. Militaires et policiers étaient déjà prêts, la matinée, dans différents quartiers de Tunis, pour parer à toute éventualité et assurer le maintien de l'ordre. L'avenue dans laquelle se trouve le jardin des droits de l'homme, passant par l'avenue Mohamed V et la place du 7 Novembre, était fermée aux automobilistes se dirigeant vers l'avenue Lahbib Bourguiba. Des centaines de personnes, dont des islamistes, des communistes et d'autres tendances de l'opposition tunisienne, affluaient vers l'avenue Lahbib Bourguiba. Des slogans hostiles au gouvernement de transition étaient scandés. Certains manifestants, dont des femmes, portaient des pancartes également défavorables au gouvernement. «On a commencé le ménage et on le finira», lisait-on sur une pancarte. «Oui au gel des avoirs des responsables du RCD» (Rassemblement constitutionnel démocratique). «Martyr, repose-toi, nous allons poursuivre le combat», scandaient les manifestants. «Nous la voulons démocratique, même si elle est transitoire», était-il mentionné sur une autre pancarte. «Tunisie libre, libre», scandaient encore les contestataires. Un hélicoptère de l'armée tunisienne survolait les manifestants qui applaudissaient, exprimant leur satisfaction quant au maintien de l'ordre. «Non aux partisans de Ben Ali au gouvernement», pouvait-on encore lire. Ces centaines de manifestants ont demandé que les avoirs des responsables du RCD soient gelés, et ont exprimé leur refus que des membres de ce parti participent au gouvernement de transition. «Nous ne sommes pas divisés entre islamistes et non islamistes. C'est la démocratie qui permet aux islamistes, aux communistes et à l'ensemble des tendances politiques du pays de s'exprimer que nous voulons», diront des manifestants. De notre envoyé spécial à Tunis, Mounir Abi