Sous le slogan «Ensemble, pour un changement démocratique», une pétition signée par des écrivains, universitaires, journalistes, avocats et autres membres de la société civile appellent «pour construire ensemble un nouveau cadre d'expression libre en faveur de l'ouverture et du changement démocratique». Tout en saluant «le combat magnifique du peuple tunisien», les signataires plaident pour «la convergence de toutes les initiatives de citoyens, d'associations, de syndicats et de partis politiques allant dans le sens de la levée du carcan sur la vie publique et pour l'avènement de l'alternance démocratique en Algérie». Ils rappellent que la «revendication pour la liberté et le changement s'exprime de différentes manières depuis longtemps en Algérie». Et d'ajouter : «Des milliers de jeunes algériens de toutes les régions du pays, exclus, démunis, sans espoir pour leur avenir, ont répondu à l'enfermement dans lequel est tenue la société algérienne par le seul moyen à sa disposition : l'émeute.» Cette irruption d'explosion sociale est, en réalité, une expression permanente par la fracture et l'émeute depuis octobre 1988. Les émeutes et les mouvements sociaux n'ont jamais été aussi nombreux que ces dernières années en raison des problèmes de relogement, d'eau, de hogra, d'emploi et d'exclusion. «Le nombre de foyers de tension se compte par milliers sur l'année», souligne la pétition qui évoque aussi la vague d'immolations par le feu de citoyens algériens désespérés. Mais, regrette-t-on, «le gouvernement a choisi de lui donner une seule explication : la hausse des prix des produits de base». Or, poursuit la même source, «la crise de janvier n'est pas soluble dans l'huile». Malgré la gravité de la situation, «le pouvoir ne compte que sur l'état d'urgence permanent, la répression policière, la manipulation et le verrouillage médiatique», débouchant sur un étouffement sans précédent de la vie publique nationale. Comme en Tunisie, les viols de la Constitution et l'instauration d'un système de présidence à vie en Algérie ont précipité le pays dans une impasse dramatique. Les signataires affirment leur «détermination à refuser la fatalité de cette crise nationale», considérant que l'Algérie n'a pas payé «le tribut dramatique de dizaines de milliers de victimes d'une guerre civile pour vivre perpétuellement sous un ordre autocratique, liberticide, producteur d'impasses, de morts et de régression».