Au lendemain de la tentative de suicide du jeune A. T., l'ambiance dans la ville de Medjana est redevenue ordinaire. Seuls les restes de la neige tombée la veille attirait l'attention des visiteurs. Rien n'indiquait que la localité a connu un événement aussi éprouvant. Aucune manifestation de colère ne rappelait ce qui s'est passé ou tout au moins un problème social qui explique la tentative de suicide. Il fallait faire le tour des cafés. Là aussi, l'événement est diversement apprécié. Certains étaient choqués par cette sortie du jeune qu'ils connaissent bien du reste. Ils étaient d'autant plus indignés qu'ils savent qu'il a eu un logement social et un local professionnel. Un jeune intervient pour rappeler qu'il était marié sur papiers. Logiquement, il n'avait pas droit au logement. «Que diront les familles nombreuses qui n'ont même pas un toit», s'est-il demandé. «Justement, ajoute un autre, avec toute cette injustice qui règne, ils n'ont qu'à se suicider.» Le débat tourne alors autour des problèmes de la cité. Nous ne disons pas cela pour justifier l'acte de A. T., mais l'APC ne fait rien pour les citoyens. Pas seulement pour l'emploi et le logement. Tous les présents conviennent que Medjana vit de graves problèmes, notamment d'aménagement urbain. Les routes ne sont pas asphaltées dans les lotissements. Les trottoirs sont défoncés, y compris au centre-ville, et l'éclairage manque terriblement. Des citoyens évoquent aussi les ruptures d'eau, inconcevables pour une région agricole par excellence. Quant aux relations avec l'APC, les citoyens que nous avons rencontrés reconnaissent qu'il y a une amélioration depuis le départ de l'ancien maire qui est sous le coup de poursuites judiciaires, rappelons-le. Avec Abdelouahab Bara, «les choses ont changé», notent-ils. On a la possibilité de le voir, mais on doit attendre les jours de réception. Ce qui n'est pas suffisant, précisent-ils. Nous décidons de demander à voir le président d'APC qui a été précédé par une bonne appréciation. Mais nous n'avons pas de chance. Il était en réunion pendant tout l'après-midi. C'est ce genre de réponse qui provoque la colère des citoyens. Ils savent que parfois c'est juste une façon de les fuir. Espérons que ce n'est pas le cas pour nous. Le citoyen a le droit de savoir ce qui pousse des jeunes à se suicider. Il veut aussi connaître ce que l'assemblée prévoit pour améliorer la situation de ses administrés. Ce n'est pas en se cachant que le problème est réglé. Il peut au contraire empirer.