Deux manifestants ont été tués à Bahrein dans la dispersion par les forces de sécurité de protestataires antigouvernementaux hier, selon l'opposition et une source officielle, citées par les agences de presse. Ces manifestations, notamment dans les villages chiites, ont commencé lundi à l'initiative d'internautes qui ont appelé sur Facebook à manifester pour réclamer des réformes politiques et sociales. Un jeune manifestant, Ali Mcheimeh, blessé lundi soir, a succombé à ses blessures hier matin et un deuxième manifestant, Fadel Salman Matrouk, a été tué lors de ces funérailles hier aussi. Mcheimeh avait été touché lors de la dispersion d'une manifestation dans le village chiite de Diya, à l'est de Manama, rapportent des témoins. La mort du jeune a été confirmée par un communiqué du ministère de l'Intérieur qui a indiqué qu'une enquête serait ouverte pour savoir si les forces de sécurité avaient «eu un recours injustifié aux armes». La police a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser quelques centaines de manifestants dans plusieurs villages chiites, dont Darraz, à l'ouest de Manama, Sitra (est), Balad Al Qadim et Jed Hafs (centre). «Matrouk a été tué par des balles à fragmentation devant l'hôpital Souleimania à Manama où les gens s'étaient rassemblés pour les funérailles du premier martyr», a déclaré Khalil Ibrahim Al Marzooq, un député de l'opposition chiite, qui a fait aussi état de blessés. «Les revendications des manifestants sont pacifiques, ils veulent surtout un gouvernement élu et ne réclament pas un changement de régime», a affirmé le député du mouvement Al Wefaq, qui a 18 élus à l'assemblée de 40 sièges. Les internautes avaient appelé à participer en masse aux obsèques de Mcheimeh puis à poursuivre les manifestations à Manama. Ils réclament notamment que le gouvernement résolve le problème du chômage et augmente les salaires. Entre 1994 et 1999, Bahrein avait été le théâtre de violences animées par des chiites qui avaient fait une quarantaine de morts. Les chiites s'estiment laisés au niveau de l'emploi, des services sociaux, comme l'habitat, et des services publics fournis à leurs villages. La répression de cette manifestation s'est vitre répercutée sur la scène politique. Le mouvement chiite Al Wefaq a annoncé hier avoir suspendu sa participation à l'assemblée, selon un de ses députés.