Stratégique et «instantanée» à l'heure des nouvelles technologies, la communication semble être le nouveau cheval de bataille du gouvernement, qui met ainsi en pratique l'instruction du président de la République d'ouvrir les institutions et les départements ministériels à la presse et au grand public. C'est en tout cas ce qu'a affirmé hier le ministre du secteur, Nacer Mehal, sur les ondes de la Chaîne IIII. «Tous les membres du gouvernement ont bien pris note de cela», a affirmé le ministre, précisant que le dossier «est à l'étude». «Nous sommes pratiquement à la fin de l'élaboration d'une plateforme d'actions pour améliorer la communication institutionnelle, car les citoyens ont le droit de savoir ce qui se passe dans leur propre pays», a-t-il révélé. En quoi consistent les actions entreprises ? Pour Mehal, il faut voir les canaux de communication à utiliser «y compris bien sûr les médias sociaux», car, estime-t-il, il est temps aujourd'hui de «songer à s'adresser à l'ensemble de la population. Puisque celle-ci est constituée de 70% de jeunes de moins de 35 ans, il est évident qu'on doit s'adresser en premier à cette large frange de la société». Reconnaissant l'absence de la communication institutionnelle, il avouera : «Je dirai même plus, elle était inexistante ou en tout cas très peu performante. Elle n'était pas du tout adaptée au contexte.» Il fallait donc, selon lui, apporter des améliorations. «Chaque département ministériel a pour devoir aujourd'hui d'ouvrir ses portes aux journalistes», affirme Mehal, qui n'omet pas dans le même temps d'évoquer les relations de l'administration avec le citoyen en plus de l'amélioration de sa communication avec les médias. L'accès aux sources d'information, rappelle-t-il, gagnerait à être amélioré, car «de vieux réflexes» se sont installés depuis l'indépendance. Il reconnaît qu'«il existe encore aujourd'hui des blocages anormaux et que je dénonce au passage», dit-il. «En clair, il faut réfléchir sur les instruments de communication entre l'Etat et les citoyens pour bâtir la confiance», a ajouté le représentant du gouvernement. Objectif de l'ouverture des médias lourds : récupérer l'audimat Sur l'ouverture des médias lourds au débat contradictoire, Mehal affirme que le gouvernement n'a pas attendu la réaction des partis politiques et la levée de l'état d'urgence pour agir. «Nous avons déjà annoncé notre feuille de route le 28 octobre 2010», a-t-il rappelé. Une feuille de route qui a pour trame la communication des Algériens entre eux de leurs problèmes. C'est de cette façon, pense Mehal, que la télévision algérienne «pourra récupérer une bonne partie de l'audimat», capté par les chaînes satellitaires arabes notamment. «Nous avons déjà commencé à ouvrir la radio et la télévision», a-t-il dit, allusion faite aux derniers débats sur la télévision que d'aucuns ont jugé de «timides». Le champ audiovisuel est pour lui «déjà ouvert». Il promet de poursuivre «dans ce sillage», alors que comme tout le monde le sait, c'est l'ouverture de l'audiovisuel au privé qui constitue «une réelle avancée». Sur ce point, Mehal rappelle qu' «elle n'est pas encore à l'ordre du jour», ce qui signifie pour lui «que cela n'est pas exclu à l'avenir». Justifiant ces «tergiversations», le représentant du gouvernement rappelle que l'ouverture «exige du temps, des textes de loi, un cadre juridique et peut-être même une institution de régulation et de contrôle». Aucune échéance n'est donnée pour la réalisation de cette revendication qui relève d'une «décision gouvernementale». Organisation de la télévision et de la radio : les textes sur la table du gouvernement S'agissant des nouveaux textes d'organisation de la télévision et de la radio, le ministre a précisé que la possibilité de les changer s'est imposée. Les 3 chaînes existantes ne sont pour lui qu'un «clonage». Des chaînes qui n'avaient «ni identité, ni personnalité, dont les publics cibles ne sont même pas connus», a-t-il critiqué. D'où la nécessité de recentrer les choses, de sorte qu'elles soient chapeautées par un même groupe, mais «en créant à l'intérieur une certaine émulation». Les nouveaux textes «ont été soumis au gouvernement et seront étudiés dans deux à trois semaines», a-t-il révélé, indiquant que «si les textes sont adoptés, on entrera dans la phase d'application». L'année 2011 va servir de période «transitoire» alors que 2012 sera l'année de la réforme du journal télévisé à titre d'exemple. «Chaque chaîne aura son propre programme, son propre journal», a-t-il précisé non sans affirmer que les compétences existent pour relever le défi, mais le recours aux compétences étrangères notamment pour ce qui est du volet production n'est pas exclu. Prochain chantier,le code de l'information Le prochain «grand chantier» du département de la communication est le code de l'information, révélera encore Mehal. La première mouture du code sera soumise aux débats «sans exclusion», au cours du 2e trimestre de cette année, expliquera le ministre. Ce texte est pour Mehal, «un élément de renforcement de la liberté d'expression». Il se ravisera ensuite pour dire que le code est aussi un balisage pour «éviter les dérives déontologiques». Qu'en est-il du journaliste soumis aux pressions ? «Il doit se défendre lui-même», explique-t-il tout en justifiant les articles 144 et 144 bis relatifs au délit de presse. «Le recours à la justice ne m'appartient pas», répond-il tout en indiquant que la dépénalisation du délit de presse qui n'est pas elle aussi à l'ordre du jour relève du président de la République. Dans le registre de la publicité, Mehal récuse l'existence d'un quelconque monopole, expliquant que 55% de la publicité nationale appartiennent au secteur privé. L'Etat joue, selon lui, un rôle de régulateur dans ce domaine qu'il qualifie de «jungle». Par ailleurs, il a indiqué que les résultats des négociations concernant la rémunération des journalistes de la presse écrite (publique) gérée par la SGP communication seront connus d'ici au 31 mars 2011.