Abdelkader Bendaâmache, qui n'est plus à présenter, tente à travers le festival culturel national de la chanson châabi de découvrir et promouvoir de jeunes talents. Sa fonction première est de sonder l'intérieur du pays en quête de chanteurs. Son challenge est de revivifier ce genre si prisé et de permettre sa préservation et sa sauvegarde. D'où l'intérêt de ces coffrets de cette musique qui donnent un aperçu synoptique du châabi. Ce musicologue plaide ardemment pour ce souci de la préservation de ce genre musical. Cet artiste, auteur et énarque et qui a plusieurs casquettes, a mené de front sa carrière de fonctionnaire tout en étant lesté à la musique qui reste sa passion cardinale. Sans se départir de ses obligations de fonctionnaire, il a concilié avec habileté son hobby et ses écrits prolifiques qui lui confèrent une patente audience. Abdelkader Bendaâmache arpente les sentiers battus avec ingéniosité à travers ses ouvrages pour raviver ce genre musical. Dans cet entretien, il évoque les conditions et modalités de ce festival. Le temps d'Algérie : En votre qualité de commissaire général du festival culturel national de la chanson châabi, quelle est votre mission ? Abdelkader Bendamaâche : Ma mission est de découvrir des jeunes talents à travers le territoire national par le moyen d'un concours étalé sur trois étapes. Je suis à pied d'œuvre, avec toute l'équipe qui m'accompagne en permanence, au service des jeunes artistes. Nous organisons aussi à leur profit des master class qui se sont avérées très bénéfiques au cours des dernières éditions, des journées d'étude sur la chanson châabi sont également tenues dans des villes de l'intérieur du pays. Avec cette activité nous nous rapprochons du monde musical à travers le territoire national. Nous saisissons cette occasion pour monter et exposer les grandes figures musicales de l'histoire du châabi. L'entreprise nationale Enag Edition nous accompagne lors de chacune de nos sorties pour présenter et vendre les publications qui ont trait au patrimoine immatériel national. Y a-t-il une relève réelle de ce genre si prisé par nombre de mélomanes ? Nous nous attelons à cela justement. Réhabiliter ce genre musical figure aussi dans nos objectifs. Nos rendez-vous sont devenus réguliers par la publication des cahiers annuels et leur diffusion, par la présence des jeunes lauréats dans les grands médias ainsi que dans leurs villes respectives. Les différentes distinctions qui leur sont consacrées ont un impact avéré sur le terrain, c'est-à-dire auprès des mélomanes. En plus de l'hommage que nous rendons régulièrement aux premiers de cordée. Ceux-là même qui ont tracé les contours de ce genre musical ancestral, qui nous l'ont transmis fidèlement après l'avoir hérité des générations anciennes. Nous nous déplaçons également en tournées musicales avec les lauréats des différentes éditions à travers les villes de l'est et de l'ouest du pays. Ces événements sont autant d'occasions pour la transmission de messages culturels contenus dans le corpus poétique du châabi des cinq éditions passées, nous comptons 50 lauréats issus d'un collectif de 150 candidats finalistes. Mon avis, tout à fait personnel, est que tous les finalistes sont d'égale valeur. Quelles sont les différentes étapes du festival culturel national de la chanson chaâbi ? Nous avons élaboré, dès le mois de février 2011, une fiche de participation individuelle que nous mettons à la disposition des jeunes amateurs au niveau de toutes les directions de la culture des wilayas du territoire national. Une fois réceptionnées, ces fiches nous permettent de situer toutes les demandes dans le but d'organiser des présélections locales. Habituellement, elles ont lieu à Annaba, Constantine, Jijel, Sétif, Béjaïa, Tizi Ouzou, Alger, Tipaza, Chlef, Mostaganem et Mascara. Les candidats au nombre de 90 choisis durant cette étape sont répartis en trois endroits du territoire national. Cette année, le choix est porté sur Béjaïa pour les régions de l'est, Alger pour les régions du centre, Chlef pour les régions de l'ouest et du sud. Elles abriteront les demi-finales qui auront lieu au mois de juillet. L'ultime étape se tiendra du 17 au 23 août au théâtre national Mahieddine Bachtarzi durant le mois sacré de Ramadhan. Les nouveaux textes des chansons ont-ils gardé la même intensité et la même teneur que ceux des anciens ? Il est vrai qu'on ne remplacera jamais les textes des anciens comme ceux de Benkhlouf du XVIe siècle, ni même ceux de Benmsayeb du XVIIIe siècle de Kaddour Benachour ou Abdelkader Bentobdji du XXe siècle. Rares sont les auteurs qui s'en rapprochent malheureusement. Avec la publication de cette grande partie de notre mémoire collective, avec l'intérêt que porte l'Etat, par l'entremise du ministère de la culture, au développement du patrimoine immatériel, le large lectorat algérien pourra accéder à ces trésors cachés qui feront l'objet de décryptage et de mise en valeur certaine. Quelle a été la dernière initiative de journées d'études sur le châabi ? Nous venons de l'organiser à Béjaïa les 22, 23 et 24 mars. Elles ont eu lieu au théâtre régional Malek Bouguermouh avec l'aide du comité des fêtes de la ville de Béjaïa. Un collectif de 12 lauréats des éditions précédentes, un orchestre constitué de 11 musiciens venant de 7 wilayas différentes, ainsi qu'une cinquantaine de musiciens et interprètes locaux, plusieurs associations concernées ajoutées au public mélomane de toute évidence, ces journées ont eu beaucoup de succès tant sur la qualité des conférences données, la participation qualitative des mélomanes béjaouis que l'organisation de notre partenaire, le comité des fêtes de la ville de Béjaïa. Quelle est la date de la prochaine initiative ? Les prochaines journées d'études auront lieu à Jijel les 16, 17 et 18 juin. les tournées musicales au profit des lauréats auront lieu durant la seconde quinzaine du mois de mai, en même temps que les présélections des demi-finales qui seront tenues durant la seconde quinzaine du mois de juillet. quant à la finale, elle se tiendra du 17 au 23 août. A qui sera-t-elle dédiée ? Nous rendrons un hommage à trois de nos valeureux interprètes qui nous ont quittés récemment. il s'agit de cheikh Abdelkader Guessoum, décédé en juillet 2010, de cheikh Abdelmalek Imansourène, décédé en janvier 2010, et de cheikh Abdallah Guettaf, décédé en janvier aussi de la même année. Peut-on connaître vos projets de livres ? Mahboub Bati, un artiste de légende vient d'être édité et distribué par l'Enag, il y a quelques jours seulement. il y aura cette année El Mouhim fi diwan chouâra tilimcène, recueil de poètes populaires tlemcéniens, le tome 4 des grandes figures de l'art musical algérien, Cheikh El Hadj Mrizek vie et œuvre et Cheikh H'sissen vie et œuvre.