Les «braves pères de famille» de Haï El Yasmine ont dû croire qu'ils venaient de réussir l'affaire de leur vie. Un trois pièces pour seulement pour cinquante millions de centimes ne peut être qu'un don du ciel. Sauf que le «ciel» est cette fois-ci une femme aux allures de jeune première, peut être belle et intelligente mais escroc avéré. S'ils ont déboursé un demi- million de dinars avec beaucoup de naïveté et une sacrée dose de désinvolture, ils ne devaient pas pour autant rouler sur l'or. Parce que ceux qui roulent sur l'or ont d'autres ambitions qu'un F3 dans une cité OPGI. Et quand ils daignent en prendre un, non seulement ils ne déboursent rien du tout, mais c'est pour le revendre séance tenante, le louer au prix fort à quelqu'un qui ne peut pas y accéder, généralement un brave père de famille comme ceux de Haï El Yasmine, dans une version moins naïve et moins désinvolte. La vingtaine d'oranais qui pensaient donc tenir l'affaire de leur vie ont rencontré la jeune femme aux allures de jeune première qui leur a été présentée par ses rabatteurs complices. Elle prétendait être une cadre supérieure de l'OPGI et à ce titre, elle pouvait leur procurer des logements. Bien entendu, elle devait prendre «son café», les temps étant durs pour tout le monde. Et ils ont immédiatement accepté, immédiatement mis la main à la poche et, chose assez rare dans les affaires d'escroquerie ordinaire, immédiatement reçu décisions d'attribution, clés et félicitations d'usage. Heureux comme jamais, ils se sont rapidement installés dans leur nouvelle résidence. Ils ont même eu droit aux services d'un gardien de la cité, vrai gentleman qui les a aidés à aménager, et tout aussi vrai complice de la femme qui les a aidés à se faire arnaquer. Les vingt braves pères de famille n'ont pas tardé à se faire convoquer par les services de la daïra et se faire éjecter avec leurs familles et leurs meubles de «chez eux». Aussi rapidement qu'ils se sont installés. Pour ce faire, la daïra a bien évidemment tout de suite mobilisé la force publique. Dans ces cas-là, les autorités ne plaisantent pas, même en hiver, puisque ça s'est passé au mois de février dernier. Alors, ils ont raconté qu'ils ont les papiers qui sont des faux, remis par une cadre de l'OPGI qui est une arnaqueuse de première et avoir déposé un vrai dossier qui attendra encore. Ils ont même précisé que la dame roulait dans une grosse et luxueuse voiture. Notre correspondant à Oran nous a appris qu'elle vient d'être arrêtée en compagnie de ses complices et tous ensemble, ils ont été écroués. La jeune femme aux allures de jeune première est une fausse cadre supérieure de l'OPGI. Et si une fausse cadre peut convaincre qu'elle peut livrer des appartements à cinquante millions de centimes, c'est que de vrais fonctionnaires le font à plus grande échelle. La preuve, ses complices sont un authentique employé de l'OPGI, un vrai employé de la daïra et un gardien de cité officiel. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir