Deux villages, Soubella et Ouadhih, dans la commune de Magra, wilaya de M'sila. Des centaines d'habitants se mobilisent autour d'une «revendication». Puis une action qu'ils semblent déterminés à mener jusqu'au bout : empêcher la construction d'un barrage. Et ils semblent plutôt réussir dans leur entreprise, puisque l'entreprise chargée des travaux, Cosider en l'occurrence, a été contrainte de ranger ses pelles et ses pioches depuis deux semaines. Jusqu'à nouvel ordre. L'argument, ces villageois, qui ne sont certainement pas des experts en matière de travaux publics et de génie civil, ont peur pour leurs habitations que le barrage mettrait en péril une fois parvenu au terme de sa réalisation. * La solution ? Déterrer une ancienne étude faite autour d'une retenue de six millions de mètres cubes, abandonnée au profit d'une autre de dix-huit millions de mètres cubes. On aura remarqué que les villageois de Soubella et de Ouadhih apprécient la situation en spécialistes et réagissent en conséquence. Ils semblent savoir avec précision le seuil acceptable et sans danger et celui, intolérable et donc périlleux pour leurs vies et leurs biens en danger, en matière de capacités de contenance des ouvrages hydrauliques. Mais on aura surtout remarqué la facilité et la nonchalance avec laquelle une entreprise d'Etat qui a pignon sur rue, des autorités locales dont la vocation est quand même de défendre les projets de développement de leur localité et la force publique qu'on a vu par ailleurs si prompte à s'automobiliser, ont laissé faire. On ne sait pas si le projet abandonné de six millions de mètres cubes est techniquement un maximum à ne pas dépasser, mais on devine surtout que l'étude faite autour d'un projet trois fois plus grand n'a pas été faite par le dernier des bricoleurs. Et alors ? Qu'est-ce qui fait qu'un projet si économiquement et socialement utiles n'arrive pas être «accepté» à défaut de susciter l'enthousiasme local ? Une foultitude de raisons, sûrement, dont trois sont plus importantes que les autres. D'abord les «antécédents». Des projets entamés après des études sommaires, réalisés avec des moyens et savoir-faire douteux pour finir en flope ou en catastrophe, ce n'est pas vraiment ce qui manque. Ensuite le manque de confiance envers des autorités qui sont rarement exemplaires en matière de crédibilité. Il y a enfin un phénomène relativement nouveau qui réside dans la propension à «pomper» le maximum de l'Etat dès lors que le citoyen se retrouve en «position de force» qui lui permette légalement d'empêcher ou du moins retarder un projet d'utilité publique. Après les abus d'autorité en la matière, nous voilà dans le laisser-aller, auquel est venue se greffer, tel un malheur qui ne vient jamais seul, la «conjoncture». Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir