Les médecins résidents, en grève depuis plus de deux mois, dénoncent «les dérives» des pouvoirs publics, et annoncent le maintien de la grève jusqu'à l'abrogation du service civil. Dans une conférence de presse tenue hier au siège de l'Union nationale du personnel de l'éducation et de la formation (Unpef), le Dr Yelles, porte-parole du Collectif national des médecins résidents algériens (Camra) s'est déclaré profondément déçu par les déclarations de certains responsables qui considèrent les habitants du Sud comme des communautés. «Il est inconcevable que les responsables évoquent les habitants du Sud et du Nord», a-t-il dit. Selon les intervenants à la conférence, la tutelle ainsi que le gouvernement ont voulu politiser le mouvement de protestation, initié uniquement dans le but de revendiquer des requêtes purement «socioprofessionnelles» et «légitimes». Le Dr Merouane Sid Ali, le second porte-parole de ce syndicat, est revenu sur les récentes déclarations du président du conseil national de déontologie, Rachid Charaoui, qui s'était opposé à la revendication des médecins résidents portant service civil. Il a affirmé que la grève se poursuivra jusqu'à la satisfaction de toutes les revendications. En ce sens, il a annoncé un rassemblement pour aujourd'hui, à Oran, pour dénoncer les dépassements enregistrés mercredi par les forces de police, qui ont tabassé les médecins lors du sit-in organisé au CHU Mustapha Pacha et à la place de la Concorde, causant des blessures à trente médecins manifestants. L'association SOS hépatites a annoncé, pour sa part, son soutien au mouvement des blouses blanches. Abdelhamid Bouallag, président de cette association, a expliqué la dégradation du secteur de la santé publique par l'absence de compétences, en mesure de mettre en place une stratégie stable, pour régler les problèmes du secteur de manière définitive. Il a endossé, par la même occasion, «la responsabilité de l'échec de la politique de la santé publique aux chefs des centres universitaires de la santé, qui ont transformé leurs services sanitaires en des propriétés privées», les accusant ainsi de constituer «une mafia bien protégée dans leurs postes éternels». Le Pr Bekkat-Berkani Mohamed, président de l'Ordre national des médecins, a réitéré, pour sa part, son engagement à soutenir la corporation et a indiqué que le service civil a prouvé son inefficacité. Il s'est appuyé dans sa déclaration sur le rapport de la commission nationale au niveau de l'assemblée populaire qui a fait état «d'un échec complet de la politique algérienne de la santé», invitant les instances concernées «à préserver les droits des médecins», afin d'éviter leur fuite à l'étranger. A rappeler que les médecins résidents ont déclenché une grève illimitée le 28 mars après avoir observé deux grèves cycliques et plusieurs rassemblements au niveau des CHU d'Alger et autres wilayas. Ils revendiquent la promulgation d'un statut particulier et le régime indemnitaire digne «pour le métier noble qu'ils exercent, ainsi que l'abrogation du service civil. Les grévistes invités à la table du dialogue, à partir du deuxième jour de leur débrayage, ont trouvé un consensus concernant les deux premiers points, mais les discussions sont restées bloquées concernant le dernier point. Les résidents affichent une détermination incontestable quant à son annulation, alors que le ministère de la Santé ainsi que le gouvernement refusent catégoriquement cette revendication. La sortie médiatique du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui a accusé les grévistes de «manque de patriotisme», n'a fait que durcir la position des blouses blanches, prêtes à faire une année blanche, pour atteindre leur objectif tracé.