S'il était attendu qu'elles abordent le volet social, les 4 organisations syndicales du secteur de l'éducation reçues hier par la commission Bensalah se sont aussi exprimées sur les réformes politiques, plaidant pour l'alternance au pouvoir à travers la limitation des mandats, affichant aussi leur préférence pour le régime parlementaire. D'emblée, Meziane Meriane, du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), a plaidé pour la séparation des pouvoirs, «plus que nécessaire afin qu'il y ait plus de visibilité pour le citoyen» et un régime parlementaire «dualiste» qui peut, selon lui, «être en adéquation avec la sociologie de notre pays». Préconisant la limitation des mandats à 2, Meriane estime que l'absence d'alternance au pouvoir a engendré la corruption, les passe-droits et le régionalisme. L'article de la Constitution qui limitera les mandats doit être «intangible» selon lui. S'exprimant sur les élections, Meziane Meriane a plutôt fait un constat «déplorable», estimant que le citoyen s'en désintéresse de plus en plus, car «convaincu que cela ne changera rien». Et même si le vote est libre, le citoyen «qui ne se préoccupe guère d'améliorer la vie collective» ne va pas voter a-t-il ajouté, ce qui, aux yeux de Meriane, «affaiblit la vitalité de la vie démocratique», d'où la nécessité pour lui d'instaurer la confiance entre le gouverné et le gouvernant à travers l'organisation «d'élections libres et transparentes le plus vite possible, pour l'APN d'abord ensuite les autres assemblées». Média lourd «entre les mains du pouvoir», la télévision n'a pas échappé à la critique de Meriane. «Elle fait dans la désinformation pour casser les mouvements sociaux et transmettre maladroitement l'idéologie du pouvoir en place», a-t-il martelé. Conséquence : «La majorité de nos concitoyens se branchent sur d'autres chaînes pour s'abreuver d'autres idéologies souvent néfastes pour notre pays», a-t-il constaté. La télévision doit s'ouvrir et «abandonner les méthodes de travail dignes du parti unique», a estimé Meriane «pour répondre aux aspirations de nos citoyens». S'étalant sur le volet formation, le syndicaliste a évoqué «le capital humain» et «l'économie fondée sur la connaissance». Meriane s'est également étendu sur «la cohésion sociale», sérieusement ébranlée par la décennie noire et la chute vertigineuse du pouvoir d'achat et la nécessité de sa consolidation. «Une tâche urgente et de portée stratégique», selon Meriane qui nécessite «la mise en place d'une politique pourvue de stratégie claire de développement économique et social» qui passe par la mobilisation des compétences nationales. Il évoquera aussi l'égalité en droits entre femmes et hommes et «la politique actuelle consistant à calmer le front social par des augmentations anarchiques». Consacrer «l'Etat de droit et promouvoir les droits de l'homme» Pour sa part, Sadek Dziri, président de l'Union nationale des professionnels de l'éducation et de la formation (Unpef) a plaidé pour le principe de la négociation et du dialogue «un droit», a-t-il estimé «consacré par les conventions internationales». «Nous avons affirmé que les réformes en cours ne peuvent se concrétiser que si l'on prend sérieusement en compte le volet social», a-t-il dit. Pour lui, il faut «ouvrir la porte de la tripartite» aux syndicats autonomes et représentatifs. Aussi, Saddek Dziri a évoqué la nécessité de la «distribution de la rente». Plaidant pour des réformes «profondes», le président de l'Unpef évoque la nécessité de consacrer un Etat de droit et de rétablir la confiance du citoyen. Se félicitant des réformes annoncées par le chef de l'Etat, qui constituent «une occasion pour la société civile de s'exprimer», Abdelkrim Boudjenah, secrétaire général du Syndicat national des travailleurs de l'éducation (SNTE) a estimé quant à lui qu'il y a «une volonté populaire» pour consacrer «l'Etat de droit et promouvoir les droits de l'homme». Considérant les réformes comme «l'occasion de combler les vides constatés dans la Constitution et les autres lois», il plaidera pour «des solutions radicales aux problèmes posés». Aussi, il dira dans ce sens qu'il faut une révision profonde de la Constitution «sans toucher au caractère républicain de l'Etat». Plaidant pour un régime parlementaire, le syndicaliste estime que le Premier ministre doit être issu de la majorité. Dziri est également favorable à la supervision des élections par la justice et plaidera pour l'indépendance de cette dernière dans le cadre de «l'équilibre des pouvoirs». Comme le Snapest, le SNTE est également favorable à la limitation des mandats «pour assurer l'alternance au pouvoir». M. Dziri n'a pas manqué également de s'exprimer sur le volet social insistant sur la nécessité d'associer les syndicats à l'élaboration du prochain code de travail. Il rappellera enfin l'ensemble des revendications des syndicats du secteur. Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), plaide carrément pour la dissolution du Parlement actuel et l'élection d'une assemblée constituante avant la fin de l'année 2011. Favorable lui aussi à la limitation des mandats, il plaidera également pour un Etat de droit. La nouvelle Constitution doit, selon lui, garantir le libre exercice syndical, l'émergence de jeunes, le caractère républicain de l'Etat «dans toutes ses dimensions» et l'égalité entre les hommes et les femmes. «Il faut tirer l'Algérie vers le haut», a-t-il dit, estimant que les réformes politiques «doivent être accompagnées de réformes économiques et sociales».